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    Quand je pouvais encor vous voir et vous entendre,
    Quand, parmi vos travaux, ma Mère, et vos douleurs,
    Mon cœur de fils pouvait à vos pieds se répandre,
    Et faire éclore en vous de la joie ou des pleurs ;

    Avant l’heure où, brisant le bonheur domestique,
    Dieu vous plaça plus haut que vos amours humains,
    Lorsque ma lèvre encor s’appuyait sur vos mains...

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    SYLVIA.

    Mon âme aspire encor vers les plus hautes cimes ;
    Je quitte enfin ce monde, aux rampantes maximes :
    Adieu, parents, amis ; ville natale, adieu !
    Je vais me reposer dans la maison de Dieu !

    UNE CARMÉLITE.

    Viens, ma sœur ; la cellule est un ciel sur la terre ;
    La vie a plus de charme où règne le mystère !
    Le désert est encor ce...

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    Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
    Escalade la roche aux nobles altitudes.
    Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
    Fuis les regrets amers que ton cœur savourait.

    Dès l’heure éblouissante où le matin paraît,
    Marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes.
    Va devant toi, baisé par l’air des solitudes,
    Comme une biche en...

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    Jeune fille, crois-moi, s’il en est temps encore,
    Choisis un fiancé joyeux, à l’œil vivant,
    Au pas ferme, à la voix sonore,
    Qui n’aille pas rêvant.

    Sois généreuse, épargne aux cœurs de se méprendre.
    Au tien même, imprudente, épargne des regrets,
    N’en captive pas un trop tendre,
    Tu t’en repentirais.

    La nature t’a faite indocile et rieuse...

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    SI ton cœur est souffrant et si tu crains la vie,
    Fixe, comme une étoile au ciel, ton idéal ;
    Fuis le monde méchant, fuis l’amour, fuis le mal.
    Le bonheur est au bout de la route gravie.

    Tu rougiras de sang les pierres du chemin :
    Qu’importe, si ton âme, en s’élevant, s’épure !
    Tu trouveras une eau pour laver ta blessure,
    La fontaine est là-...

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    Pour vous, enfants, le monde est une nouveauté ;
    De leur nid vos vertus, colombes inquiètes,
    Regardent en tremblant les printanières fêtes
    Et cherchent le secret d’y vivre en sûreté.

    Le voici : n’aimez l’or que pour sa pureté ;
    N’aimez que la candeur dans vos blanches toilettes ;
    Et si vous vous posez au front des violettes,
    Aimez la modestie...

  • I


    ...

  • Les conseillers municipaux
    Sont tous attablés à l’auberge.
    Ils n’ont pas figure de cierge
    Sous les grands bords de leurs chapeaux.

    Elle a mis tous ses oripeaux,
    La servante robuste et vierge :
    Les conseillers municipaux
    Sont tous attablés à l’auberge.

    Léchant les plats, vidant les pots,
    Chacun s’empiffre et se goberge :
    Monsieur le...

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    Esprit mâle et sincère aux tendresses profondes,
    Crois-mois, contre un plomb vil n’échange pas ton or :
    La perle que tu veux n’habite point nos ondes,
    Leur sein n’enferme point ton idéal trésor.

    A tes ennuis sacrés la terre est insensible ;
    Les amours primitifs y sont morts à jamais.
    Jamais tu n’atteindras ton rêve inaccessible,
    Ami ! tu l’...

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    LE CHEVALIER, UN ERMITE.

    L’ERMITE.
    Par tous les noirs esprits cette route est hantée ;
    Évite, ô chevalier, la forêt enchantée,
    Fuis les sentiers couverts, fuis l’ombre de ces monts
    Où, sous des traits charmants, rôdent d’affreux démons.
    Va livrer tes combats dans ces heureuses plaines
    Où la palme fleurit aux mains des...