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    La nuit qui fit son cours avant ce jour fameux,
    Pour commencer la pompe alluma tous ses feux.
    Et la lune, aux apprests fournissant sa lumiere,
    Parut en leur faveur plus lente en sa carriere.
    Chacun dans le travail monstre une mesme ardeur :
    Et le monarque pense à preparer son cœur.
    Pour luy, sa sainte epouse à son dieu se presente.
    L’amour rend...

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    Le soir de ce grand jour, les francs et les gaulois,
    Unis sous mesme foy, comme sous mesmes loix,
    Pour mieux bénir le ciel de sa grace recente,
    Joignirent les transports de leur joye innocente.
    De celestes faveurs le grand prince comblé,
    S’en ressent dans son ame heureusement troublé.
    Enfin le doux repos, apres ses longues veilles,
    Succede à la...

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    Le camp des goths battu du pluvieux orage,
    Prés des feux se ressuye à l’abry d’un bocage,
    Tandis qu’avec ses chefs, sur un mont écarté,
    Leur roy void le françois par le fleuve arresté.
    Comme un loup prés d’un bois, asseuré dans sa fuite,
    Des pasteurs éloignez méprise la poursuite,
    S’arreste glorieux, tourne ses yeux hagards,
    Et sur eux jette...

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    … kallísphuron Ocheanínaen
    Ægágeto Kluménaen…
    Hésiode, Théogonie.

    L’Aurore enveloppait dans une clarté rose
    Le vallon gracieux que le Pénée arrose,
    Et les arbres touffus, et la brise et les flots
    Se redisaient au loin d’harmonieux sanglots.
    Près du fleuve pleurait, parmi les hautes herbes,
    Une Nymphe étendue. À ses...

  • Sentiers furtifs des bois, sources aux frais rivages,
    Et vous, grottes de pampre où glisse un jour vermeil ;
    Platanes, qui voyez, sous vos épais feuillages,
    Les vierges de l’Hybla céder au doux sommeil ;

    Ce dieu ne m’endort plus dans vos calmes retraites,
    Quand midi rayonnant brûle les lourds rameaux.
    Écoutez, ô forêts, mes tristesses secrètes ;
    ...

  • Je ne me suis amusé guère
    À cette foire de Neuilly.
    Serait-ce que depuis la guerre
    J’aurais autant que ça vieilli ?

    C’est fort possible. Quant à elle,
    Elle est la même assurément.
    Sa jeunesse est sempiternelle,
    C’est d’où vient son peu d’agrément.

    Jamais d’invention nouvelle.
    On peut...


  • ...

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    I

    Être le psychologue et l’ausculteur de l’eau,
    Étudier ce cœur de l’eau si transitoire,
    Ce cœur de l’eau souvent malade et sans mémoire.
    L’eau si pâle ! On dirait une sœur du bouleau
    Par le fard du couchant à peine un peu rosée ;
    Mais, dormante, elle rêve à d’orageuses mers,
    Et, somnolente, elle est la grande névrosée
    En qui se plaint...

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    Celle que j’aime est une enchanteresse
    Au front pudique, aux longs cheveux châtains ;
    Compagne et sœur, ma muse et ma maîtresse,
    Elle ravit mes soirs et mes matins.
    Svelte beauté, sensitive jolie,
    Elle a l’œil tendre et la taille qui plie ;
    Moi, le suiveur des funèbres convois,
    J’ai frémi d’aise au doux son de sa voix,
    Et maintenant que l...

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    De la psycologie un soir prenant la lampe,
    J’osai, seul, m’avancer jusqu’au bord de la rampe
    D’où l’on voit tout au fond vivre le cœur humain.
    Je bondis en arrière à moitié du chemin,
    Frissonnant, éperdu, pâle, les lèvres blanches,
    Comme lorsque vers vous viennent les avalanches ;
    Le vertige faisait tourbillonner mon front,

    Tant l’abîme à mes...