• Coteaux fins aux grands cyprès noirs,
    Pour faire vos gammes exquises
    Vous n’avez pas besoin des soirs
    Ni des aurores indécises.

    Dans les claires heures du jour,
    Vous dressez, couronné de vignes,
    Vers le ciel tendre avec amour,
    Votre front grec aux belles lignes.

    Sereins et purs, point élevés,
    Votre harmonie où l’azur flotte
    Déroule...

  •  
    Nous sommes Carinus et Leucius, deux frères.
    Écoutez-nous. Ceux-là seraient trop téméraires
    Qui, ne se laissant point troubler par le remords,
    Mépriseraient aussi la parole des morts.
    Vous disiez : « Que son sang retombe sur nos têtes ! »
    Soit. Il en sera fait ainsi, chiens que vous êtes.
    Le sang du Christ, le sang terrible et précieux.
    Au jour...


  • ...

  • Une étoile d’or là bas illumine
    Le bleu de la nuit, derrière les monts ;
    La lune blanchit la verte colline :
    Pourquoi pleures-tu, petite Christine?
         Il est tard, dormons.

    — Mon fiancé dort sous la noire terre,
    Dans la froide tombe il rêve de nous.
    Laissez-moi pleurer, ma peine est amère ;
    Laissez-moi gémir et veiller, ma mère ;
         ...

  •  

    Savez-vous, gens de Paris,
    Dont on voit les faces ternes
    Sous des arbres rabougris
    Où fleurissent des lanternes,

    Quand, au long des boulevards,
    Vous assiégez d’une lieue
    Les gros drames, ces renards
    Dont l’été coupe la queue !...

    Savez-vous que le bon Dieu,
    Chassant la brume morose,
    Sur la toile du ciel bleu
    Brosse...

  •  

    Il tombait, il tombait de la suprême voûte
    Le séraphin déchu, l’archange audacieux ;
    Déroulant son corps spacieux,
    Il tombait comme un monde arraché de sa route,
    Comme un vivant débris des cieux.

    Il tombait, il tombait de la hauteur brillante
    Où rayonnaient encor les esprits ses pareils ;
    Il tombait dans l’espace, et sa tête brûlante
    ...


  • ...

  • De la dépouille de nos bois
    L’automne avait jonché la terre ;
    Le bocage était sans mystère,
    Le rossignol était sans voix.
    Triste, et mourant à son aurore,
    Un jeune malade, à pas lents,
    Parcourait une fois encore
    Le bois cher à ses premiers ans :
    « Bois que j’aime,...

  •  
    Mais, tandis que la nuit couvre ces murs funèbres,
    Des pas entrecoupés rôdent dans les ténèbres.
    Qui donc, posant ses pieds muets sur le rocher,
    De la tour de la mort ose ainsi s’approcher ?
    Pourquoi s’arrête-t-il de distance en distance
    Comme pour épier, écouter le silence ?
    Pourquoi de toutes parts égare-t-il ses pas ?
    Quels noms entre ses...

  •  
    Or, de ce long supplice invisible témoin,
    L’ange de Daïdha, Cédar, n’était pas loin ;
    Et si ma voix ne peut exprimer ce martyre,
    Le tien, esprit d’amour, quels mots pourraient le dire ?
    Arraché par ces cris à son ravissement,
    Écrasé de stupeur et d’étourdissement,
    Il était demeuré sans regard, sans parole,
    Comme un homme qui passe et dont l’âme...