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    Un lugubre coquerico
    Retentit soudain sur le chaume.
    Or la nuit qui jamais ne chôme
    Commence à faire son tricot.

    Rouge comme un coquelicot,
    Le soleil ferme son royaume.
    Un lugubre coquerico
    Retentit soudain sur le chaume.

    Et Jean hâte son bourriquot,
    Car le coq du clocher fantôme
    Ouvre ses deux ailes de gnome ;
    Et c’...

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    I

    Souffle, bise ! tombe à flots, pluie !
    Dans mon palais, tout noir de suie,
    Je ris de la pluie et du vent ;
    En attendant que l’hiver fuie,
    Je reste au coin du feu, rêvant.

    C’est moi qui suis l’esprit de l’âtre !
    Le gaz, de sa langue bleuâtre,
    Lèche plus doucement le bois ;
    La fumée, en filet d’albâtre,
    Monte et se...

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    Qu’un Suisse est fort ! son âme est répandue
    Sur la terre, et les cieux sont sa part.
    Il est roi de l’étendue.
    Dans l’azur ou le brouillard,
    Le pouvoir du montagnard
    C’est l'air du ciel !
    C’est l’air du ciel !

    Qu’il est heureux, le roi des froides cimes !
    Dans l’azur il plonge un long regard,
    S’accoudant sur les abîmes,
    Sur...

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    Le printemps, le printemps ! Tout renaît et fleurit.
    Le vin de la jeunesse enivre la nature.
    Au bord de chaque haie une rose sourit,
    Et les fils de la Vierge errent à l’aventure ;
    Les abeilles des bois sentent pousser leur dard ;
    C’est le temps de chanter les baisers et les roses,
    — Fleurs des jardins des cieux dans nos fanges écloses,
    Et de se...

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    De l’œil des Rois on a compté les larmes ;
    Les yeux du Peuple en ont trop pour cela.

    Quand sur les splendides ruines
    De ce siècle âgé de trente ans,
    L’essaim des nouvelles doctrines
    S’abattit à cris triomphants,
    Un poëte éclos sous leurs ailes,
    Qui les suivait dans leur essor,
    S’éprit d’amour pour l’une d’elles,
    Et...

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    A nos flancs s’est usé l’éperon homicide,
    Qui, sanglant, résonnait sur le talon royal ;
    Le coursier populaire a, d’un pied régicide,
    Écrasé le bandeau sur le front déloyal ;
    Brisant de son poitrail la caduque barrière
    Qu’en vain l’épée esclave essaya d’étayer ;
    Mais, libre, à peine entré dans la libre carrière,
    Que déjà sur ses reins pèse un...

  • JE voudrais les savoir, les mystiques paroles,
    Que la lune, le soir, verse sur les corolles ;
    Ce qu’elle dit au lac, je voudrais le trouver,
    Pour assoupir tes yeux à lueur trop profonde,
    Pour t’isoler du bruit et des désirs du monde,
    Pour te voir longuement et longuement rêver.

    Demain, je te dirai mes doutes et mes fièvres,
    Ce qui m’étreint le cœur...

  • François-Réal AngersChant du voyageur canadien
    ...
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    À Émile Wroblewski.

    Apportez-moi des fleurs odorantes,
    Pour me parer, compagnes errantes,
    Pour te charmer, ô mon bien-aimé.
    Déjà le vent s’élève embaumé.

    Le vent du soir fait flotter vos pagnes.
    Dans vos cheveux, pourquoi, mes compagnes,
    Entrelacer ces perles de lait ?
    Mon cou — dit-il — sans perles lui plaît.

    ...

  • I.
    Gage sacré de mes chastes amours
    Quand mes soins formaient ton enfance.
    Dieu, m’écriai-je, ah ! veillez sur ses jours,
    Son bonheur est ma récompense.

    Refrain
    Réveille-toi, mon fils, à mes accents,
    Viens...