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    ...

  • XIII

    Ainsi les nations les plus grandes chavirent !
    C'est à l'avortement que tes travaux servirent,
    O peuple ! et tu dis : Quoi ! pour cela nous restions
    Debout toute la nuit sur les hauts bastions !
    C'est pour cela qu'on fut brave, altier, invincible,
    Et que, la Prusse étant la flèche, on fut la cible ;
    C'est pour cela qu'on fut héros, qu'on fut...

  • Ô poète, faux pauvre et faux riche, homme vrai,
    Jusqu'en l'extérieur riche et pauvre pas vrai,
    (Dès lors, comment veux-tu qu'on soit sûr de ton cœur ?)
    Tour à tour souple drôle et monsieur somptueux,
    Du vert clair plein d'« espère » au noir componctueux,
    Ton habit a toujours quelque détail blagueur.

    Un bouton manque. Un fil dépasse. D'où venue
    Cette...

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     Quand je baise, pâle de fièvre,
     Ta lèvre où court une chanson,
     Tu détournes les yeux, ta lèvre
     Reste froide comme un glaçon,
     Et, me repoussant de tes bras,
     Tu dis que je ne t'aime pas.
     
     Mais si je dis : Ce long martyre
     M'a brisé, je romps mon lien !
     Tu réponds avec un sourire :
     Viens à mes pieds ! tu le sais bien,...

  • Çà, qu’on me laisse, Amour, petit maraud.
    Va ! donne-moi la paix ; je veux écrire,
    À la façon de mon aïeul Marot,
    Qui dans son temps n’eut jamais de quoi frire,
    Quelques Dizains, car il est temps de rire.
    Donc, loin de moi le vulgaire odieux !
    Et d’un vaillant effort, s’il plaît aux Dieux,
    J’en veux polir,...

  •  
    Le poëte jamais n’est maître de sa lyre,
    Dont les cordes souvent éclatent sous ses doigts ;
    C’est lorsqu’il sent le plus qu’il peut le moins décrire,
    Et que, voulant chanter, il demeure sans voix.

    Lorsqu’à l’entour de lui tout n’est que poésie,
    Que la nature en fête étale ses splendeurs,

    Seul il reste muet, l’âme comme saisie,
    Se sentant trop...

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    Les plus braves sont morts, pleins d’orgueil et de haine ;
    D’autres ont fui. La horde innombrable n’est plus ;
    Les cadavres des chefs blêmissent dans la plaine.

    Pressant contre leur sein les boucliers poilus,
    Les Barbares du Nord, Galates, Tectosages,
    Sont tombés. Le sang noir teint les fronts chevelus.

    La hache fut sans force à tailler des...

  • La caravane humaine au Sahara du monde,
    Par ce chemin des ans qui n’a pas de retour,
    S’en va traînant le pied, brûlée aux feux du jour,
    Et buvant sur ses bras la sueur qui l’inonde.

    Le grand lion rugit et la tempête gronde ;
    A l’horizon fuyard, ni minaret, ni tour ;
    La seule ombre qu’on ait, c’est l’ombre du vautour,
    Qui traverse le ciel, cherchant...

  • « Je me fais vieux, j’ai soixante ans,
    J’ai travaillé toute ma vie,
    Sans avoir, durant tout ce temps.
    Pu satisfaire mon envie.
    Je vois bien qu’il n’est ici-bas
    De bonheur complet pour personne.
    Mon vœu ne s’accomplira pas :
    Je n’ai jamais vu Carcassonne !

    « On voit la ville de là-haut,
    Derrière les montagnes bleues ;
    Mais, pour y...

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    Les caresses ne sont que d’inquiets transports,
    Infructueux essais du pauvre amour qui tente
    L’impossible union des âmes par les corps.
    Vous êtes séparés et seuls comme les morts,
    Misérables vivants que le baiser tourmente !

    O femme, vainement tu serres dans tes bras
    Tes enfants, vrais lambeaux de ta plus pure essence :
    Ils ne sont plus toi-...