• C'est fait mon cœur, quittons la liberté.
    De quoi me huy servirait la défense,
    Que d'agrandir et la peine et l'offense ?
    Plus ne suis fort, ainsi que j'ai été.

    La raison fut un temps de mon côté,
    Or révoltée elle veut que je pense
    Qu'il faut servir, et prendre en récompense
    Qu'onc d'un tel nœud nul ne fut arrêté.

    S'il se...

  • PARDON AMOUR, pardon, ô Seigneur je te voue
    Le reste de mes ans, ma voix et mes écrits,
    Mes sanglots, mes soupirs, mes larmes et mes cris :
    Rien, rien tenir d’aucun que de toi, je n’avoue.

    Hélas comment de moi, ma fortune se joue.
    De toi n’a pas long temps, amour, je me suis ri,
    J’ai failli, je le vois, je me rends, je suis pris.
    J’...

  • Ô vous maudits sonnets, vous qui prîtes l’audace
    De toucher à ma dame : ô malins et pervers,
    Des Muses le reproche, et honte de mes vers :
    Si je vous fis jamais, s’il faut que je me fasse

    Ce tort de confesser vous tenir de ma race,
    Lors pour vous les ruisseaux ne furent pas ouverts
    D’Apollon le doré, des muses aux yeux verts,
    Mais...

  • N’ayez plus mes amis, n’ayez plus cette envie
    Que je cesse d’aimer, laissez-moi obstiné,
    Vivre et mourir ainsi, puisqu’il est ordonné,
    Mon amour c’est le fil, auquel se tient ma vie.

    Ainsi me dit la fée, ainsi en Æagrie
    Elle fit Méléagre à l’amour destiné,
    Et alluma sa souche à l’heure qu’il fut né,
    Et dit, toi, et ce feu, tenez-...

  • J’ai tant vécu, chétif, en ma langueur,
    Qu’or j’ai vu rompre, et suis encore en vie,
    Mon espérance avant mes yeux ravie,
    Contre l’écueil de sa fière rigueur.

    Que m’a servi de tant d’ans la longueur ?
    Elle n’est pas de ma peine assouvie :
    Elle s’en rit, et n’a...

  • Quand tes yeux conquérants étonné je regarde,
    J’y vois dedans au clair tout mon espoir écrit,
    J’y vois dedans amour, lui-même qui me rit,
    Et me montre mignard le bonheur qu’il me garde.

    Mais quand de te parler parfois je me hasarde,
    C’est lors que mon espoir desséché se tarit.
    Et d’avouer jamais ton œil, qui me nourrit,
    D’un seul...

  • Si contre amour je n’ai autre défense
    Je m’en plaindrai, mes vers le maudiront,
    Et après moi les roches rediront
    Le tort qu’il fait à ma dure constance.

    Puisque de lui j’endure cette offense.
    Au moins tout haut, mes rythmes le diront,
    Et nos neveux, alors qu’ils me liront,
    En l’outrageant, m’en feront la vengeance.

    Ayant...

  • Jà reluisait la benoîte journée
    Que la nature au monde te devait,
    Quand des trésors qu’elle te réservait
    Sa grande clé, te fut abandonnée.

    Tu pris la grâce à toi seule ordonnée,
    Tu pillas tant de beautés qu’elle avait :
    Tant qu’elle, fière, alors qu’elle te voit
    En est parfois, elle-même étonnée.

    Ta main de prendre enfin se...

  • Or dis-je bien, mon espérance est morte.
    Or est-ce fait de mon aise et mon bien.
    Mon mal est clair : maintenant je vois bien,
    J’ai épousé la douleur que je porte.

    Tout me court sus, rien ne me réconforte,
    Tout m’abandonne et d’elle je n’ai rien,
    Sinon toujours quelque nouveau soutien,
    Qui rend ma peine et ma douleur plus fortes....

  • Puisqu’ainsi sont mes dures destinées,
    J’en soûlerai, si je puis, mon souci.
    Si j’ai du mal, elle le veut aussi.
    J’accomplirai mes peines ordonnées

    Nymphes des bois qui avez étonnées,
    De mes douleurs, je crois quelque merci,
    Qu’en pensez-vous ? puis-je durer ainsi,
    Si à mes maux trêves ne sont données ?

    Or si quelqu’une à m’...