Sonnet vingt-neuf de vingt neuf

Jà reluisait la benoîte journée
Que la nature au monde te devait,
Quand des trésors qu’elle te réservait
Sa grande clé, te fut abandonnée.

Tu pris la grâce à toi seule ordonnée,
Tu pillas tant de beautés qu’elle avait :
Tant qu’elle, fière, alors qu’elle te voit
En est parfois, elle-même étonnée.

Ta main de prendre enfin se contenta :
Mais la nature encor te présenta,
Pour t’enrichir cette terre où nous sommes.

Tu n’en pris rien : mais en toi tu t’en ris,
Te sentant bien en avoir assez pris
Pour être ici reine du cœur des hommes.

Jà reluisait la benoîte journée
Que la nature au monde te devait,
Quand des trésors qu’elle te réservait
Sa grande clé, te fut abandonnée.

Tu pris la grâce à toi seule ordonnée,
Tu pillas tant de beautés qu’elle avait :
Tant qu’elle, fière, alors qu’elle te voit
En est parfois, elle-même étonnée.

Ta main de prendre enfin se contenta :
Mais la nature encor te présenta,
Pour t’enrichir cette terre où nous sommes.

Tu n’en pris rien : mais en toi tu t’en ris,
Te sentant bien en avoir assez pris
Pour être ici reine du cœur des hommes.

Collection: 
1550

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    Que la nature au monde te devoit,
    Quand des thresors qu'elle te reservoit
    Sa grande clef te feust abandonnee.

    Tu prins la grace à toy seule ordonnee,
    Tu pillas tant de beautez qu'elle avoit,
    Tant qu'elle fiere, a lors qu'elle...

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