Sonnet vingt-quatre de vingt neuf

Or dis-je bien, mon espérance est morte.
Or est-ce fait de mon aise et mon bien.
Mon mal est clair : maintenant je vois bien,
J’ai épousé la douleur que je porte.

Tout me court sus, rien ne me réconforte,
Tout m’abandonne et d’elle je n’ai rien,
Sinon toujours quelque nouveau soutien,
Qui rend ma peine et ma douleur plus fortes.

Ce que j’attends, c’est un jour d’obtenir
Quelques soupirs des gens de l’avenir ;
Quelqu’un dira dessus moi par pitié :

Sa dame et lui naquirent destinés,
Également de mourir obstinés,
L’une en rigueur, et l’autre en amitié.

Or dis-je bien, mon espérance est morte.
Or est-ce fait de mon aise et mon bien.
Mon mal est clair : maintenant je vois bien,
J’ai épousé la douleur que je porte.

Tout me court sus, rien ne me réconforte,
Tout m’abandonne et d’elle je n’ai rien,
Sinon toujours quelque nouveau soutien,
Qui rend ma peine et ma douleur plus fortes.

Ce que j’attends, c’est un jour d’obtenir
Quelques soupirs des gens de l’avenir ;
Quelqu’un dira dessus moi par pitié :

Sa dame et lui naquirent destinés,
Également de mourir obstinés,
L’une en rigueur, et l’autre en amitié.

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1550

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