• Je dis pour les cœurs ingénus
    La chanson de Marthe aux pieds nus.

    Marthe dès l’aube a quitté son aïeule ;
    Marthe aux pieds nus est au bois toute seule.

    ...

  • Les cris des chiens, les voix du cor
    Sonnent dans les bois de Ferrières ;
    L’écho de ces rumeurs guerrières
    Épouvante le frais décor.

    Les habits d’écarlate et d’or
    Resplendissent dans les clairières ;
    Les cris des chiens, les voix du cor
    Sonnent dans les bois de Ferrières.

    Les meutes ont pris leur essor,
    Et le cerf dans les fondrières...

  • Triste de quelque amour perdu,
    Rêvant aux délices passées,
    J’étais sur la terre étendu
    Parmi les bruyères froissées.

    L’ombre, en vibrant, montait dans l’air,
    Des arbres profonds vers la nue,
    Et la lune, au bord du ciel clair,
    Découvrait son épaule nue.

    Comme s’accroissait mon émoi
    De l’émoi fraternel des choses,
    Un rossignol, tout...

  • Étoile de douceur, Miroir de chasteté,
    Vase de certitude, ô merveilleuse Gerbe
    Où tendresse est liée avec austérité !

    Le Seigneur nous a dit : « Va ! fléchis ta superbe.
    L’homme est la fleur des champs qui fleurit pour un jour,
    Et ce jour est rapide et passe comme l’herbe.

    « Le puissant, tout à coup, croule comme une tour,
    Et voici, flagellé dans la...

  • La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores ;
    Terre, déjà tu te colores
    De ce sang fumant qu’elle flaire.

    L’incendie effrayant l’éclaire,
    Comme de rouges météores ;
    La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores.

    Et pour réclamer leur salaire,
    O Dieu ! dans les cieux que tu dores,
    Les vautours, sous l’...

  • Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante ;
    Elle sourit et se lamente,
    Et vous fuit et vous importune.

    La nuit, suivez-la sur la dune,
    Elle vous raille et vous tourmente ;
    Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante.

    Et souvent, elle se met une
    Nuée en manière de mante ;
    Elle est absurde, elle est charmante...

  • La Vierge n’est plus folle. Un malaise d’amour
    La tient presque mourante au fond d’une vallée
    Et pèse avec langueur sur sa gorge troublée
    Comme le vent du soir sur un raisin trop lourd.

    Son œil à demi clos veut oublier le jour.
    Vénus mélancolique, à l’ombre d’une allée
    Sous un effort de vie elle tombe accablée,
    Car son cœur était large et le temps...

  • Vous me grondez, amis, de tant parler des morts !
    Ma voix, de jour en jour, traîne plus monotone :
    Tels, quand l’arbre a senti les rafales d’automne,
    Les rameaux dépouillés ont de plus sourds accords.

    J’en parle encor trop peu : c’est le seul de mes torts !
    Si je songeais à ceux dont le départ m’étonne,
    Combien je maudirais ma gaîté qui détonne !
    Le...

  • Nous bénissons la douce Nuit,
    Dont le frais baiser nous délivre.
    Sous ses voiles on se sent vivre
    Sans inquiétude et sans bruit.

    Le souci dévorant s’enfuit ;
    Le parfum de l’air nous enivre ;
    Nous bénissons la douce Nuit,
    Dont le frais baiser nous délivre.

    Pâle songeur qu’un Dieu poursuit,
    Repose-toi, ferme ton livre.
    Dans les cieux...

  • La Paix, au milieu des moissons,
    Allaite de beaux enfants nus.
    A l’entour, des chœurs ingénus
    Dansent au doux bruit des chansons.

    Le soleil rit dans les buissons,
    Et sous les vieux arbres chenus
    La Paix, au milieu des moissons,
    Allaite de beaux enfants nus.

    Les fleurs ont de charmants frissons.
    Les travailleurs aux bras charnus,
    ...