Athènes respirait la fraîche violette
Depuis le cap Sunium jusques au mont Hymette ;
L’air était embaumé comme un rayon de miel :
Le beau soleil de Grèce étincelait au ciel.
Le jeune Alcibiade aux paroles légères
Partait pour la Sicile avec trois cents galères,
Et de ses grands vaisseaux peints de mille couleurs,
Les poupes ressemblaient à des vases de...
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Naple alors présentait un spectacle sublime,
Le vil bourreau toujours vaincu par la victime,
Carracciolo plus grand sur l’échafaud fatal
Que l’assassin Acton sur son haut piédestal ;Mario Pagano, traitant de l’autre vie
Dans son livre immortel, honneur de l’Italie,
Cirillo, Carafa, mourant à son côté,
Et couvrant de leur sang la jeune Liberté.
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Sans relâche, depuis mille & huit cents années,
Sous tous les ciels, le long des routes étonnées
De ce passant ancien qui revenait toujours,
Ahasvérus marchait, la tête & les pieds lourds.L’antique lassitude écrasait ce pauvre homme ;
Et, tandis que, sans halte & sans espoir de somme,
Il se traînait comme un blessé qui voudrait fuir,
Cinq... -
La neige a couvert tout entier
Le sentier
Qui mène à la maison d’Aline,
Si long quand un seul le parcourt,
Et si court
Quand deux ensemble on y chemine.Que de fois je l’ai fréquenté...
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Elle avait dix-sept ans ; elle était blonde & belle,
Comme Vénus Victrix ou la grande Cybèle ;
Sa bouche avait ravi sa fraîcheur au Printemps,
Et ses yeux étaient doux & regardaient longtemps.
Sa mère avait couvé cette enfant sous son aile
Afin d’en retirer un revenu fidèle ;
Elle l’avait jetée aux bras d’un impotent,
Faible d’âme &... -
Des perles encor mouillent son bras blanc.
Couchée en un lit de joncs verts & d’herbes,
Le sein ombragé d’un rameau tremblant,
Au bruissement des chênes superbes,
Aux molles rumeurs des halliers épais,
Non loin de la source elle rêve en paix.
Tandis qu’au rebord des souples lianes,
Sur son reflet nu se figent pâmés
Les flots du bassin, lèvres... -
Ils vont pieds nus le plus souvent. L’hiver
Met à leurs doigts des mitaines d’onglée.
Le soir, hélas ! ils soupent du grand air,
Et sur leur front la bise échevelée
Gronde, pareille au bruit d’une mêlée,
A peine un peu leur sort est adouci
Quand avril fait la terre consolée :
Ayez pitié des Enfants sans souci.Ils n’ont sur eux que le manteau du...
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Sur un blanc tilleul un beau ramier pleure.
Un beau page en pleurs parcourt la forêt.
« Ramier, doux ramier, quel chagrin t’effleure ?
Cher petit oiseau, dis-moi ton secret ?— Un dur épervier m’a pris ma compagne.
Nous étions perchés sur ce blanc tilleul !
Il a fui là-bas, loin, dans la campagne,
Emportant ma vie, & je reste seul.— Ramier...
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Au détour d’un chemin venu des pics déserts
Où gronde sans répit le bruit des avalanches,
On découvre un joyeux bourg, dont les maisons blanches
Baignent languissamment dans un lac aux flots clairs.Le cœur s’épanouit quand sort des rameaux verts
Ce bourg où tous les jours sont pareils aux dimanches,
Et l’on voudrait alors s’y blottir sous les branches... -
Lorsque la sympathie, en ses palais dorés,
Berce les cœurs épris entre ses ailes blanches,
L’amour & l’amitié ployant leurs vertes branches
Sur eux font incliner leurs beaux fruits diaprés.Mais combien, tout d’abord, sont, hélas I enivrés
Qui s’en vont préférant les pavots aux pervenches,
L’amour sur ses versants labourés d’avalanches
A l’amitié...