• En mon avril la Parque m'a vaincu,
    Mais bien-heureux d'avoir si peu vescu :
    Et que voit-on que fumée en ce monde,
    Un vent, un songe, une onde qui suit l'onde ?
    Tous les humains sont feuilles du printemps,
    Soudain fanis comme l'herbe des champs :
    Tout passe et coule : Atropos ne pardonne
    Non plus aux roys qu'à la basse personne.

    Donc au...

  • I. M. N.

    Plus souple à dénouer mes plis
    Que le serpent n'ondule,
    Ayant tous, ô Vénus Pendule,
    Tes rites accomplis ;

    Quand vint l'heure où le coeur se navre,
    Et des fatals ciseaux,
    Je mourus, comme les oiseaux,
    Sans laisser de cadavre.

  • Ci-dessous gît et loge en serre,
    Ce très gentil fallot Jean Serre,
    Qui tout plaisir allait suivant ;
    Et grand joueur de son vivant,
    Non pas joueur de dés, ni quilles,
    Mais de belles farces gentilles,
    Auquel jeu jamais ne perdit,
    Mais y gagna bruit et crédit,
    Amour et populaire estime,
    Plus que d'écus, comme j'estime.

    Il fut en...

  • Suivant les vers de Henry III.

    Ô passant, c'est ici que repose Hyacinthe
    Qui fut de son vivant seigneur de Maugiron ;
    Il est mort - Dieu l'absolve et l'ait en son giron !
    Tombé sur le terrain, il gît en terre sainte.

    Nul, ni même Quélus, n'a mieux, de perles ceinte,
    Porté la toque à plume ou la fraise à godron ;
    Aussi vois-tu, sculpté par un...

  • Jean s'en alla comme il était venu,
    Mangea le fonds avec le revenu,
    Tint les trésors chose peu nécessaire.
    Quant à son temps, bien le sut dispenser :
    Deux parts en fit, dont il soulait passer
    L'une à dormir et l'autre à ne rien faire.

  • Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
    Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange ;
    La chose simplement d'elle-même arriva,
    Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va.

  • Ci-dessous gît, or écoutez merveilles,
    Le grand meurtrier et tirant de bouteilles,
    L'anti-Bacchus, le cruel vinicide
    Qui ne souffrit verre onques plein ni vide ;
    Je tais son nom, car il put trop au vin.
    Mais il avait en ce l'esprit divin
    Qu'en le voyant il altérait les hommes,
    Et haïssait lait, cerises et pommes,
    Figues, raisins, et tout autre...

  • Celui qui ci maintenant dort
    Fit plus de pitié que d'envie,
    Et souffrit mille fois la mort
    Avant que de perdre la vie.
    Passant, ne fais ici de bruit,
    Prends garde qu'aucun ne l'éveille ;
    Car voici la première nuit
    Que le pauvre Scarron sommeille.

  • Frères humains, qui après nous vivez,
    N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
    Car, si pitié de nous pauvres avez,
    Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
    Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
    Quant à la chair, que trop avons nourrie,
    Elle est piéça dévorée et pourrie,
    Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
    De notre mal personne ne s'en rie ;
    ...

  • Ci gît et dort en ce solier,
    Qu'amour occit de son raillon,
    Un pauvre petit écolier
    Qui fut nommé François Villon.
    Oncques de terre n'eut sillon.
    Il donna tout, chacun le sait :
    Table, tréteaux, pain, corbillon.
    Pour Dieu, dites-en ce verset :

    Repos éternel donne à cil,
    Sire, et clarté perpétuelle,
    Qui vaillant plat ni écuelle...