Épitaphe

En mon avril la Parque m'a vaincu,
Mais bien-heureux d'avoir si peu vescu :
Et que voit-on que fumée en ce monde,
Un vent, un songe, une onde qui suit l'onde ?
Tous les humains sont feuilles du printemps,
Soudain fanis comme l'herbe des champs :
Tout passe et coule : Atropos ne pardonne
Non plus aux roys qu'à la basse personne.

Donc au trespas que je ne sois pleuré :
Pour autre fin je n'avois respiré.
Ce seul confort me reste sous la tombe
Qu'il faut un jour que le plus brave tombe
Dans le bateau qui conduit aux enfers,
Et qu'en la fosse il nourrisse des vers,
Puisque la loy de l'égale Nature
Nous a bastis sujets à pourriture.

Collection: 
1565

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    Durant les jeunes mois...

  • L'été sera l'hiver et le printemps l'automne,
    L'air deviendra pesant, le plomb sera léger :
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    L'eau deviendra le feu, le feu deviendra l'eau
    Plutôt que je sois pris d'un autre...

  • En mon avril la Parque m'a vaincu,
    Mais bien-heureux d'avoir si peu vescu :
    Et que voit-on que fumée en ce monde,
    Un vent, un songe, une onde qui suit l'onde ?
    Tous les humains sont feuilles du printemps,
    Soudain fanis comme l'herbe des champs :
    Tout passe et...

  • J'ai voyagé par les trois parts du monde,
    J'ai vu la mer d'où lève le soleil,
    Et j'ai vu l'onde où l'attend le sommeil,
    Et mille biens dont les hautes louanges
    Font ébahir les nations étranges,
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    Qui des pays la grandeur veut...


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