•  
    Combien j’ai douce souvenance
    Du joli lieu de ma naissance !
    Ma sœur, qu’ils étaient beaux les jours
         De France !
    Ô mon pays, sois mes amours
         Toujours !

    Te souvient-il que notre mère
    Au foyer de notre chaumière
    Nous pressait sur son cœur joyeux,
         Ma chère !
    Et nous baisions ses blancs cheveux
         Tous deux...

  • Si Enfants de la folie
            Chantons ;
    Sur les maux de la vie
            Glissons ;
    Plaisir jamais ne coûte
            De pleurs ;
    Il sème notre route
            De fleurs.

    Oui, portons son délire
            Partout.
    Le bonheur est de rire
            De tout ;
    Pour être aimé des belles,
            Aimons ;
    Un beau jour...

  •  
    Thaïs, quel folâtre caprice
    Contre moi semble t’exciter ?
    Eh, quoi ! Tu ris de ta malice,
    Et te plais à la répéter ?
    Tu comptes donc pour rien cruelle,
    Ces traits pénétrans, enflammés,
    Que l’enfant aîlé, ton modèle,
    Dans mon coeur a tous enfermés ?
    Tes dents, ces perles que j’adore,
    D’où s’échappe à mon oeil trompé
    Ce sourire...

  •       Myson fut connu dans la Grèce
          Par son amour pour la sagesse;
    Pauvre, libre, content, sans soins, sans embarras,
     Il vivait dans les bois, seul, méditant sans cesse,
          Et parfois riant aux éclats.
          Un jour, deux Grecs vinrent lui dire:
      « De ta gaîté, Myson, nous sommes tous surpris:
          Tu vis seul; comment peux tu rire ? »...

  •  
    Le croiras-tu ? Ces conquérans altiers,
    Tant célébrés par les cygnes du Tibre,
    Eux qui naissoient à l’ombre des lauriers,
    En respirant l’orgueil d’un peuple libre ;
    Ces fiers romains, ces sauvages guerriers,
    Ces demi-dieux, sous qui trembloit la terre,
    Ainsi que nous, instruits dans l’art de plaire,
    Fondoient un culte en l’honneur des baisers...

  •  
    I

    Ô jeune adolescent, tu rougis devant moi.
    Vois mes traits sans couleur ; ils pâlissent pour toi :
    C'est ton front virginal, ta grâce, ta décence.
    Viens ; il est d'autres jeux que les jeux de l'enfance.
    Ô jeune adolescent, viens savoir que mon cœur
    N'a pu de ton visage oublier la douceur.
    Bel enfant, sur ton front la volupté réside ;
    ...

  •  
    Ô nécessité dure ! ô pesant esclavage !
    Ô sort ! je dois donc voir, et dans mon plus bel âge,
    Flotter mes jours, tissus de désirs et de pleurs,
    Dans ce flux et reflux d’espoir et de douleurs !
    Souvent, las d’être esclave et de boire la lie
    De ce calice amer que l’on nomme la vie,
    Las du mépris des sots qui suit la pauvreté,
    Je regarde la tombe...

  •  
    DAPHNIS.
    Hélène daigna suivre un berger ravisseur
    Berger comme Pâris, j'embrasse mon Hélène.

    NAÏS.
    C'est trop t'enorgueillir d'une faveur si vaine.

    DAPHNIS.
    Ah ! ces baisers si vains ne sont pas sans douceur.

    NAÏS.
    Tiens ; ma bouche essuyée en a perdu la trace.

    DAPHNIS.
    Eh bien ! d'autres baisers en vont prendre la place...

  •  
    Je suis un oculiste habile ;
    Mais je dois mon malheur à l'étude des yeux ;
    L'espérance d'en sauver deux
    M'en a fait crever plus de mille.
    Je pleure ceux que j'ai sauvés,
    Et non pas ceux que j'ai crevés.
    J'aimais, j'étais aimé : c'en est assez sans doute ;
    Mais l'objet que j'aimais, que je hais aujourd'hui,
    Ressemblait à l'amour, était...

  • Ô Joie, belle étincelle divine,
    Fille de l’Elysée,
    Nous entrons ivres d’enthousiasme,
    Ô Déesse, dans ton sanctuaire.
    Tes charmes réunissent
    Ce que la mode sépare ;
    Tous les hommes deviennent frères
    Là où tes douces ailes reposent.

    Chœur

    Soyez unis êtres par million !
    Qu’un seul baiser enlace l’univers !
    Frères, au-dessus du...