•  
    DANS la forêt que l’hiver navre
    J’allais silencieux et seul ;
    La lèvre était comme un cadavre
    Où la neige jette un linceul.

    Les dernières feuilles froissées
    Couraient sur le sol sans gazons
    Et, sur le deuil de mes pensées.
    Planait le deuil des horizons.

    Les grands arbres jaunes de mousse
    Pleuraient sur les lis défleuris.
    La...

  •  
    La nuit d’hiver descend sur le grand bois mouvant.
    Du ciel blafard la neige à flots tombe, et le vent
    Siffle et hurle à travers les troncs couverts de glace
    Des arbres dépouillés qui tordent dans l’espace
    Leurs longs bras forcenés comme de noirs démons.
    L’ouragan, dévalant de la cime des monts,
    De rires effrayants et de sanglots funèbres
    Emplit...

  •       Arbres dépouillés de verdure,
          Malheureux cadavres des bois,
    Que devient aujourd’hui cette riche parure
          Dont je fus charmé tant de fois ?
    Je cherche vainement, dans cette triste plaine,
    Les oiseaux, les zéphirs, les ruisseaux argentés :
    Les oiseaux sont sans voix, les zéphyrs sans haleine,
       Et les ruisseaux dans leurs cours arrêtés...

  •  
    En hiver la terre pleure ;
    Le soleil froid, pâle et doux,
    Vient tard, et part de bonne heure,
    Ennuyé du rendez-vous.

    Leurs idylles sont moroses.
    — Soleil ! Aimons ! ― Essayons.
    Ô terre, où donc sont tes roses ?
    — Astre, où donc sont tes rayons ?

    Il prend un prétexte, grêle,
    Vent, nuage noir ou blanc,
    Et dit : ― C’est la nuit...

  • Et maintenant voici l’hiver
    et mon cœur qui s’était allé,
    revenu heureux dans sa terre
    sachant que tout est à aimer,

    depuis le ciel, depuis la mer
    jusque mieux et plus humblement
    les objets de toutes manières
    fidèles ineffablement.

    Or foi mise ainsi dans les choses,
    alors...

  •                     I

    Le nez rouge, la face blême,
    Sur un pupitre de glaçons,
    L’Hiver exécute son thème
    Dans le quatuor des saisons.

    Il chante d’une voix peu sûre
    Des airs vieillots et chevrotants ;
    Son pied glacé bat la mesure
    Et la semelle en même temps ;

    Et comme Hændel, dont la perruque
    Perdait sa farine en tremblant,
    Il...

  • Aube joyeuse et joli gel,
    Toute la ville est cristalline
    Et se pare comme un autel :
    Termonde, Alost, Lierre, Malines.

    Ouates, flocons, mousses, linons,
    La neige a chu par avalanches ;
    Si purs et nets sont les pignons,
    Que l’on dirait des nonnes blanches.

    La couche des glaçons vitreux
    Couvre les quais et leurs eaux noires,
    Et les...

  •  
    Seront-ils toujours là quand nous disparaîtrons ?
    Les voilà, roidissant leurs vénérables troncs
    Qui des vents boréens ont lassé les colères.
    Eux, les arbres, longs murs de héros séculaires
    Durcis aux noirs assauts des hivers meurtriers.
    Inexpugnable bloc d’impassibles guerriers
    Qui sous le choc prochain des rafales nocturnes
    Pour un instant se...

  • Les molosses d’hiver, le gel, le vent, la neige,
    Ô mon vieux cœur de lassitude et de souci,
    Ils hurlent à la mort, écoute ! et leur cortège
    S’enfuit, avec des pleurs, vers le néant. Voici,
    Qu’ils ululent sinistrement et qu’on ulule
    Vers eux, parmi les lourds échos du crépuscule,
    En réponse, là-bas.
    ...

  • Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
    V’là l’ moment de n’ pus s’ mettre à poils
    V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queue d’ la poêle
    Dans l’ Midi vont s’ carapater !

    V’là l’ temps ousque jusqu’en Hanovre
    Et d’ Gibraltar au cap Gris-Nez,
    Les Borgeois, l’ soir, vont plaind’ les Pauvres
    Au coin du feu… après dîner !

    Et v’là l’ temps ousque dans la...