DANS la forêt que l’hiver navre
J’allais silencieux et seul ;
La lèvre était comme un cadavre
Où la neige jette un linceul.
Les dernières feuilles froissées
Couraient sur le sol sans gazons
Et, sur le deuil de mes pensées.
Planait le deuil des horizons.
Les grands arbres jaunes de mousse
Pleuraient sur les lis défleuris.
La pitié des choses est douce
A ceux que l’amour a meurtris.
Mon cœur est le bois morne et sombre
Dont le vent broya les sommets ;
C’est le mort aux yeux noyés d’ombre
Qu’un voile recouvre à jamais.
Ah ! sous les larmes des vieux chênes,
Je voudrais dormir à côté,
Et, par les floraisons prochaines,
Sentir mon cœur ressuscité !