• Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
    Dans son brillant exil mon cœur en a frémi ;
    Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
    Comme les pas connus ou la voix d'un ami.

    Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
    Vallons que tapissait le givre du matin,
    Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
    Vieilles tours que le soir dorait dans...

  • Non, tu n’as pas tout, monstre ! et tu ne prends point l’âme.
    Cette fleur n’a jamais subi ta bave infâme.
    Tu peux détruire un monde et non souiller Caton.
    Tu fais dire à Pyrrhon farouche : Que sait-on ?
    ...

  •  
    Le Fils du Ciel laboure une fois dans l’année.

    Pour remplir ce devoir, à la date ordonnée,
    Un jour, Kang-Hi, le sage empereur, se courbait
    Sur un soc attelé de bœufs blancs du Thibet.
    Sans voir la foule immense et de loin accourue,
    L’illustre Taï-Tsing conduisait sa charrue
    Et regardait, rêveur et se parlant tout bas,
    Le sol gras et fécond s’...

  •  

    LES champs las vont dormir. La terre se repose
    Dans sa robe de neige au vif scintillement,
    En son fécond sommeil préparant lentement
    La future moisson et la prochaine rose.

    Toute la vie humaine est en la terre enclose.
    La fleur s’épanouit où mûrit le froment ;
    Comme une gloire autour de l’auguste aliment,
    L’innombrable beauté des formes est...

  •  
    — Laisse-moi. ― Non. ― Ô griffe sombre,
    Bouche horrible ! Ô torture ! Ô deuil !
    Pourquoi te glisses-tu dans l’ombre
    Par les fentes de mon cercueil ?

    — Il faut renouveler ma sève,
    Ô mort, voici le doux été.
    Toute la nature qui rêve,
    Spectre, a besoin de ma beauté !

    Il faut qu’aucun lys ne m’efface ;
    L’abeille attend de moi le miel...

  •  
    Salut, brillant soleil ! Salut, douce lumière !
    Tu viens chasser la nuit de ma triste paupière,
    Au ciel rendre l’azur et la sérénité,
    Au perfide océan, la sauvage beauté.
    Devant toi l’aquilon a vu tomber sa rage ;
    Devant toi s’est enfui le vagabond nuage.

    Tu traces sur la mer de lumineux sillons.
    L’oiseau sèche son aile à tes brûlants rayons....

  •  
    Elle est la terre, elle est la plaine, elle est le champ.
    Elle est chère à tous ceux qui sèment en marchant ;
    Elle offre un lit de mousse au pâtre ;
    Frileuse, elle se chauffe au soleil éternel,
    Rit, et fait cercle avec les planètes du ciel
    Comme des sœurs autour de l'âtre.

    Elle aime le rayon propice aux blés mouvants,
    Et l'assainissement...

  • Laboureur, n’est-ce pas qu’elle est belle, la terre,
    Qu’elle est plaisante à l’œil, qu’elle est douce à la main
    Et qu’après un orage il monte de son sein
    Une odeur enivrante, ardente et salutaire ?

    Si tu souris au blé que ta charrue enterre,
    Ce n’est pas seulement pour le souci du pain ;
    Tu trouves ton plaisir à voir germer le grain,
    Par admiration...

  • La terre a vu jadis errer des paladins ;
    Ils flamboyaient ainsi que des éclairs soudains,
    Puis s’évanouissaient, laissant sur les visages
    La crainte, et la lueur de leurs brusques passages ;
    Ils étaient, dans des temps d’oppression, de deuil,
    De honte, où l’infamie étalait son orgueil,
    Les spectres de l’honneur, du droit, de la justice ;
    Ils...

  •  
    Enfant sur la terre on se traîne,
    Les yeux et l’âme émerveillés,
    Mais, plus tard, on regarde à peine
    Cette terre qu’on foule aux pieds.

    Je sens déjà que je l’oublie,
    Et, parfois, songeur au front las,
    Je m’en repens et me rallie
    Aux enfants qui vivent plus bas.

    Détachés du sein de la mère,
    De leurs petits pieds incertains
    ...