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    Je ne te connais pas, mon Dieu, mais je t’adore.

    Oui, j’ai cru t’entrevoir dans une ardente aurore,
    Comme un soleil voilé de nuages de feu,
    Et ce cri m’a jailli du cœur : Voilà mon Dieu !
    Mais la rouge splendeur du ciel s’est effacée,
    Et je suis seul avec ma cruelle pensée.

    Ah ! pouvais-je espérer ta présence ? et pourquoi,
    Mon Dieu, te...

  • L’amour est infatigable !
    Il est ardent comme un diable,
    Comme un ange il est aimable.

    L’amant est impitoyable,
    Il est méchant comme un diable,
    Comme un ange, redoutable.

    Il va rôdant comme un loup
    Autour du cœur de beaucoup
    Et s’élance tout à coup

    Poussant un sombre hou-hou !
    Soudain le voilà roucou-
    Lant ramier gonflant...

  • Bonjour, lecteurs. On me propose
    Et j’accepte, – oh ! les étourdis !
    De vous parler tous les lundis
    Et même pas toujours en prose.

    La causerie est cependant
    Chose insaisissable et légère
    Ainsi que l’ombre passagère
    D’un nuage sur un étang.

    Causer en vers, c’est l’art suprême ;
    Et, pour m’apprendre mon état,
    Il faudrait qu’on...

  •  
    Je m’embarque aujourd’hui sur la plaine brumeuse
             Où le vent souffle, et, sans repos,
    Hérisse les crins verts de la vague écumeuse,
             Et bondit sur son large dos.

    À travers le brouillard et l’onde qui me mouille,
             Les cent voix du gouffre béant,
    Je m’en vais aborder ce grand vaisseau de houille
             Qui fume au sein...

  •  
    Comme les prêtres catholiques,
    Sous les rideaux de pourpre, autour
    De la châsse où sont les reliques,

    Brillent, dans leur mystique amour,
    Les longs cierges aux flammes pures,
    Fauves la nuit, pâles le jour,

    Qui jettent des lueurs obscures
    Sur les bijoux tristes et noirs
    Perdus dans l’or des ciselures ;

     

    Et de même que,...

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    Autrefois, indigné de voir régner le mal,
    Avec l’iambe ardent j’essayai Juvénal,
    Et, le poignet armé d’une plume sévère,
    Aux noirs excès du temps je déclarai la guerre.
    Aujourd’hui, moins rigide et peut-être moins bon,
    Je satirise encor, mais sur un autre ton.

    Quittant de Némésis la sublime folie,
    Je prends modestement le masque de Thalie ;...

  •  

    QUAND la fenêtre est close et que tout bruit s’éteint,
    Ecoute de ton cœur monter la voix suprême ;
    Ta musique est en lui, c’est là qu’est ton poème,
    Comme les fleurs et les oiseaux sont au jardin.

    Écoute. Pour saisir l’écho de ton destin,
    Attentif, penche-toi longuement sur toi-même ;
    Le cœur que Dieu t’...

  • Je, Nature, par qui tout est fourmé
    Quanqu’a ça jus et seur terre et en mer, [5]
    Vien ci a toy, Guillaume, qui fourmé [6]
    ...


  • ...

  • Dans ces temps fabuleux, les limbes de l’histoire,
    Où les fils de Raghû, beaux de fard et de gloire,
    Vers la Ganga régnaient leur règne étincelant,
    Et, par l’intensité de leur vertu, troublant
    Les Dieux et les Démons et Bhagavat lui-même,
    Augustes, s’élevaient jusqu’au néant suprême,
    Ah ! la terre et la mer et le ciel, purs encor
    Et jeunes, qu’arrosait...