Prologue

Je, Nature, par qui tout est fourmé
Quanqu’a ça jus et seur terre et en mer,
Vien ci a toy, Guillaume, qui fourmé
4 T’ay a part, pour faire par toy fourmer
    Nouviaus dis amoureus plaisans.
Pour ce te bail ci trois de mes enfans
      Qui t’en donront la pratique,
Et, se tu n’ies d’euls trois bien congnoissans,
9 Nommé sont Scens, Retorique et Musique.

Par Scens aras ton engin enfourmé
De tout ce que tu vorras confourmer ;
Retorique n’ara riens enfermé
13 Que ne t’en voit en metre et en rimer ;
    Et Musique te donra chans,
Tant que vorras, divers et deduisans.
      Einsi ti fait seront frique,
N’a ce faire ne pues estre faillans,
18 Car tu as Scens, Retorique et Musique.

Ti fait seront plus qu’autre renommé,
Qu’il n’i ara riens qui face a blasmer,
Et si seront de toutes gens amé,
22 Soutis, loyaus, jolis et sans amer.
    Pour ce vueil que soies engrans
D’en faire assez, petis, moiens et grans.
      Or fay tost, si t’i aplique!
Tu ne m’en dois pas estre refusans,
27 Qui te bail Scens, Retorique et Musique,

Riens ne me doit excuser ne deffendre
Que ne face le bon commandement
De vous, dame, se je vous say entendre,
4 Par qui j’ay corps, vie et entendement.

     Dont drois est, quant vous m’ordenez
A faire dis amoureus ordenez,
     Qu’a ce faire je me soutive.
Et je vueil bien estre a ce fait donnez,
9 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive.

Mais si grant fait n’oseroie entreprendre,
Se je n’avoie avec moy prestement
Vos trois enfans pour moy duire et aprendre,
13 Com dit m’avez ici presentement.
     Et de ce qu’einsi m’onnourez,
Graces de moy que de vos biens n’arez,
     Qu’avis n’autre chose soutive
N’ay ne n’aray, se ne m’en pourveez,
18 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive.

Si me vueil dont dou tout mettre et entendre
A ces dittez faire amoureusement
Et de pluseurs l’un grant et l’autre mendre,
22 Et les aucuns chanter bien plaisanment.
     Et certes, se ne me cassez
Vos trois enfans, des dis feray assez,
     Car mes voloirs a ce s’avive,
Ne dou faire ne seray ja lassez,
27 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive.

Aus dames ; car, par saint Nichaise
A mon pooir, quanque diray,
180 A l’onneur d’elles le feray.
Car vraiement trop mefferoie
En cas qu’einsi ne le feroie.
Et pour ce vueil, sans plus targier,
184 Commencier le Dit dou Vergier.

Collection: 
1908

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