• Notre union plutôt véhémente et brutale
    Recèle une douceur que nulle autre n’étale,
    Nos caractères détestables à l’envi
    Sont un champ de bataille où tout choc est suivi
    D’une trêve d’autant meilleure que plus brève.
    Le lourd songe oppressif s’y dissout en un rêve
    Élastique et rafraîchissant à l’infini.
    Je croirais pour ma part qu’un ange m’a béni...

  • Plutôt seront Rhône et Saône disjoints,
    Que d'avec toi mon coeur se désassemble :
    Plutôt seront l'un et l'autre mont joints,
    Qu'avecques nous aucun discord s'assemble :
    Plutôt verrons et toi et moi ensemble
    Le Rhône aller contremont lentement,
    Saône monter très violentement,
    Que ce mien feu, tant soit peu, diminue,
    Ni que ma foi décroisse...

  • Plutôt les pâles Soeurs me privent de lumière,
    Et m'envoyent au creux des enfers pleins d'horreur
    Éprouver de Pluton l'effroyable terreur,
    Et ouïr de Minos la sentence dernière,

    Plutôt de Prométhée la douleur coutumière
    Me tourmente toujours, et l'ardente fureur
    Des filles d'Achéron, toujours pleines d'erreurs,
    Bourrelle mon esprit d'une rage meurtrière...

  • Plutôt la mort me vienne dévorer,
    Et engloutir dans l'abîme profonde
    Du gouffre obscur de l'oblivieuse onde,
    Qu'autre que toi, l'on me voit adorer.

    Mon bracelet, je te veux honorer
    Comme mon plus précieux en ce monde :
    Aussi viens-tu d'une perruque blonde,
    Qui pourrait l'or le plus beau redorer.

    Mon bracelet, mon cher mignon, je t'aime...

  • Je penserai plutôt la mer non variable,
    Le beau printemps sans fleurs, le mois d'août sans moissons,
    Le froidureux hiver sans neige, sans glaçons,
    Et le pauvre idiot avisément croyable.

    Je penserai plutôt le bonheur abhorrable,
    L'automne sans fruitage, et sans nulles boissons,
    Le monde sans envie, et la mer sans poissons,
    Que je pensasse en rien...