Plutôt les pâles Soeurs me privent de lumière

Plutôt les pâles Soeurs me privent de lumière,
Et m'envoyent au creux des enfers pleins d'horreur
Éprouver de Pluton l'effroyable terreur,
Et ouïr de Minos la sentence dernière,

Plutôt de Prométhée la douleur coutumière
Me tourmente toujours, et l'ardente fureur
Des filles d'Achéron, toujours pleines d'erreurs,
Bourrelle mon esprit d'une rage meurtrière,

Plutôt puissé-je encor souffrir la passion
De l'avare Tantale et du fol Ixion,
Du cauteleux Sisyphe et du paillard Titie,

Que j'adore inconstant jamais autre beauté
Que la vôtre, Madame, en qui la loyauté,
Les Grâces, et l'Amour, ont leur place choisie.

Collection: 
1570

More from Poet

  • Hôte mélancolique
    Des tombeaux et des croix,
    J'errerai fantastique
    Aux effroyables bois,
    Compagnon des forêts
    Et des démons secrets.

    Les rochers solitaires,
    Oreillés à mes sons,
    Les Faunes et les Laires,
    Rediront mes chansons,
    Chansons...

  • Hélas ! mes tristes yeux sont changés en fontaines,
    Qui versent non de pleurs mais de larmes de sang,
    Et le trait dont Amour me transperça le sang
    Augmente incessamment mes angoisseuses peines.

    Toujours l'objet hideux de cent morts inhumaines
    Se présente à mes yeux...

  • Par le milieu des déserts écartés,
    Dans la frayeur des antres plus sauvages,
    Et sur le bord des plus lointains rivages,
    Je fuis les lieux des hommes habités,

    Et regrettant tes divines beautés,
    Seul à l'écart, j'écoute les ramages
    Des oiselets qui en mille...

  • Qui veut voir ici-bas un Astre reluisant,
    Et s'égayer au joug d'une douce misère,
    Voye mon beau Phénix, la réserve plus chère
    Qu'eut de mille ans le Ciel, qu'il nous offre à présent.

    Ce sacré saint oiseau, ce Phénix tout plaisant
    Qui par sa grand douceur adoucirait...

  • Vous rochers orgueilleux, et vous forêts fidèles
    Que je fais retentir de mes chants languissants,
    Antres qui répondez à mes tristes accents,
    Quand vous oyez le son de mes plaintes mortelles,

    Vous monts démesurés, et vous campagnes belles,
    Vous ombrages secrets,...