En toi je vis, où que tu sois absente :
En moi je meurs, où que soye présent.
Tant loin sois-tu, toujours tu es présente :
Pour près que soye, encore suis-je absent.
Et si nature outragée se sent
De me voir vivre en toi trop plus qu'en moi :
Le haut pouvoir...
Maurice Scève
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L'oisiveté des délicates plumes,
Lit coutumier, non point de mon repos,
Mais du travail, où mon feu tu allumes,
Souventes fois, oultre heure, et sans propos
Entre ses draps me retient indispos,
Tant elle m'a pour son faible ennemi.
Là mon esprit son corps... -
Tu cours superbe, ô Rhône, florissant
En sablon d'or et argentines eaux.
Maint fleuve gros te rend plus ravissant,
Ceint de cités, et bordé de châteaux,
Te pratiquant par sûrs et grands bateaux
Pour seul te rendre en notre Europe illustre.
Mais la vertu de ma... -
En devisant un soir me dit ma Dame :
Prends cette pomme en sa tendresse dure,
Qui éteindra ton amoureuse flamme,
Vu que tel fruit est de froide nature :
Adonc aura congrue nourriture
L'ardeur qui tant d'humeur te fait pleuvoir.
Mais toi, lui dis-je, ainsi que... -
Quand l'ennemi poursuit son adversaire
Si vivement qu'il le blesse ou l'abat :
Le vaincu lors pour son plus nécessaire
Fuit çà et là et crie et se débat.
Mais moi, navré par ce traître combat
De tes doux yeux, quand moins de doute avois,
Cèle mon mal ainsi,... -
Tu te verras ton ivoire crêper
Par l'outrageuse et tardive vieillesse.
Lors sans pouvoir en rien participer
D'aucune joie et humaine liesse,
Je n'aurai eu de ta verte jeunesse,
Que la pitié n'a su à soi ployer
Ni du travail qu'on m'a vu employer
A... -
L'heureuse cendre autrefois composée
En un corps chaste, où vertu reposa,
Est en ce lieu, par les Grâces posée,
Parmi ses os, que beauté composa.
Ô terre indigne ! en toi son repos a
Le riche étui de cette âme gentille,
En tout savoir sur toute autre... -
Plutôt seront Rhône et Saône disjoints,
Que d'avec toi mon coeur se désassemble :
Plutôt seront l'un et l'autre mont joints,
Qu'avecques nous aucun discord s'assemble :
Plutôt verrons et toi et moi ensemble
Le Rhône aller contremont lentement,
Saône monter très... -
Tant je l'aimais qu'en elle encor je vis
Et tant la vis, que malgré moi, je l'aime
Le sens, et l'âme y furent tant ravis,
Que par l'Oeil fault, que le coeur la désaime.
Est-il possible en ce degré suprême
Que fermeté son oultrepas révoque ?
Tant fut... -
Si tu t'enquiers pourquoi sur mon tombeau
On aura mis deux éléments contraires,
Comme tu vois être le feu et l'eau
Entre éléments les deux plus adversaires :
Je t'avertis qu'ils sont très nécessaires
Pour te montrer par signes évidents
Que si en moi ont été...