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    Maudite à jamais soit ton inutile image,
    Devant qui s’inclinait la mitre du faux sage !
    Maudit sois-tu, Melqart, implacablement sourd
    À la clameur montant du rivage de Zoûr,
    À ton peuple expirant sous le fouet des colères !
    Toi dont la Force armait l’éperon des galères
    Et qu’invoquaient, les yeux sur l’océan lointain,
    Nos matelots, cinglant...

  • Air : J'ai vu le Parnasse des Dames.

    Que cherches-tu, pauvre antiquaire,
    Le cou tendu, le dos baissé ?
    Viens-tu demander à la terre,
    Des débris d'un culte passé ?
    Des divinités de la Grèce,
    Je possède un don précieux.
    J'ai retrouvé chez ma maîtresse,
    La coupe où s'enivraient les Dieux.

    Source d'allégresse éternelle,
    Cette coupe...

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    Le dieu du laboureur est comme un très vieux roi
    De chair et d’os, seigneur du champ qu’il ensemence ;
    Le dieu de son curé règne aussi, mais immense,
    Trois fois unique, esprit, fils et père de soi ;

    Le déiste contemple un pur je ne sais quoi
    Lointain, par qui le monde, en s’ordonnant, commence ;
    Et le savant qui rit de leur sainte démence
    ...

  • Et mon désert de cœur est peuplé de Dieux noirs,
    Ils s’érigent, blocs lourds de bois, ornés de cornes
    Et de pierres, Dieux noirs silencieux des soirs,
    Mornes et noirs, dans le désert de mon cœur morne.

    Avec des yeux, comme les yeux des loups, la nuit,
    Avec des yeux comme la lune, ils me regardent ;
    Et c’est vers eux, vers leur terreur que mon ennui
    ...

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        Mon cœur n’est rassuré qu’à demi… Mes Dieux lares
        Revêtent, ce jour-ci, des formes très bizarres.

        Leur regard est comme un poignard mal émoussé…
        Et je tremble, craignant leur aspect courroucé…

        C’est toi qui me maudis et c’est toi qui me damnes…
        Et cependant je vous servis bien, ô les Manes !…

  • Jadis, Reine des bois, divine enchanteresse,
    Diane, les seins nus et les cheveux au vent,
    Vivait dans les forêts sauvages, poursuivant
    Les sangliers, avec des élans de tigresse.

    Elle était chaste et fière; et si, quand la déesse
    Plongeait son corps de lis dans l'onde au flot mouvant,
    Quelque mortel osait l'admirer en rêvant,
    Le profane aussitôt payait...

  • Esprit celeste, & des Dieux transformé
    En corps mortel transmis en ce bas Monde,
    A Apollo peulx estre conformé
    Pour la vertu, dont es la source, & l’onde.
    Ton eloquence avecques ta faconde,
    Et hault sçavoir, auquel tu es appris,
    Demonstre assez le bien en toy compris :
    Car en doulceur ta plume tant fluante
    A merité d’emporter gloire,...

  • C’est dans un bois sinistre et formidable, au nord
    De la Gaule. Roidis par un suprême effort,
    Les chênes monstrueux supportent avec rage
    Les grands nuages noirs d’où va tomber l’orage ;
    Le matin frissonnant s’éveille, et la clarté
    De l’aube mord déjà le ciel ensanglanté.
      Tout est lugubre et pâle, et les...