Si vous allez chez l’épicier
Prenez du poivre de Cayenne,
Une escadre ce soir va-t-elle appareiller
Sur une mer de sauce tomate et de rhum ?
Allez chez l’épicier de la rue Saint-Sauveur
Il y a prime à TOUT ACHETEUR.
Petit garçon qui veux aimer
Connais-tu l’épicier d’amour ?
C’est au palais des Courtisanes
IL Y A PRIME...
ii
SMALA
Le soleil verse aux toils des chambres mal l’ermes
Ses urnes enfiammes;
En attendant le Kid, toutes sont it, pimes,
Sur les divans brods de chimtre armies;
Anns, Nazi,s, Assires, Bourbaras. Zalimes,
En 11n blanc, ! prunelie et la joue allumes
Par le lard, parl’umes,
Tirant des narghilts de ltgres fumies,
Ou buyant, ranimes,...
Décembre, avec ses ciseaux lourds,
Coupe les plus longs pans de lumière et de jour
Au manteau clair des dernières journées.
Chacun revient vers les quatre heures ;
On a lavé le linge et baratté le beurre....
Les champs,
De l’un à l’autre bout des plaines,
Gonflent leurs flots inapaisés sous les haleines
Du vent qui naît à l’aube et s’endort au couchant.
C’est l’heure où la verdure, à l’ombre, est déjà noire ;
Mais les moissons, avec leurs feux, avec leurs moires
...
Calmes aux quais déserts s’endorment les bateaux.
Les besognes du jour rude sont terminées,
Et le bleu Crépuscule aux mains efféminées
Éteint le fleuve ardent qui roulait des métaux.
Les ateliers fiévreux desserrent leurs étaux,
Et, les cheveux au vent, les fillettes minées
Vers les vitrines d’or courent, illuminées,
Meurtrir leur désir pauvre aux...
On ferme ! On ferme ! Et les veuves de noir vêtues,
À pas feutrés et lents, s’en vont sous leurs manteaux,
Et font tinter de lourds deniers en des plateaux
Placés dans l’ombre, au pied de géantes statues,
Comme les larges mains mendiantes de Dieu.
Au fond, l’autel éteint ses fleurs étincelantes,
Et les veuves glissent lentes et dévalantes
Vers la ville...
Soldats morts à la guerre,
Qui remplissez le sol mortuaire, là-bas,
Avec le spectacle encor rouge des combats
Dans vos yeux, sous la terre,
Voici venir pieusement vers vous les pas,
...
Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls.
Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples,
De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples.
Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls
Savent la volupté divine d’être seuls....
Le matin, dès mon œil ouvert,
J’ouvre mon huis et je regarde
Si par hasard ou par mégarde
Je ne vois pas le Printemps vert?
Mais non. Le même ciel qu’hier,
Terne comme un paquet de hardes ;
Il vente, il pleut des hallebardes :
Merde ! c’est encore l’hiver.
Eh bien ! que le diable m’emporte...
Et puis l’Ennui nous vint qui fana sous ses doigts
Notre Amour, cette fleur absurde et printanière
Éclose souviens-toi, boulevard Poissonnière,
Quand les nids commençaient à chanter sous les toits.
On s’est bien aimé deux — à n’en plus finir — mois.
Moi d’après ma façon, toi selon ta manière.
Deux mois !...