• « Depuis tantôt près de trois ans,
    Je vous le jure par sainte Anne,
    Je fus envoûté à Guingamp
    (Si ce n’est vrai que Dieu me damne…)

    J’ai prié notre Bonne Vierge,
    Espérant être sauveté.
    J’ai fait brûler des tas de cierges,
    Dans l’église de la Clarté,

    Et j’ai jeûné ! j’ai fait carême
    Plus longtemps qu’il n’aurait fallu,
    Espérant qu’...


  • Les prophéties sont accomplies :
    La joie est dans les cœurs,

    L’Inspiration poétique souffle
    Sur l’esprit de la Bretagne qui se développe.

    Sur le dolmen, le serment est prononcé :
    L’heure va sonner sans retard.

    Je vois accourir Léménik à la barbe blanche,
    Léménik, le rude conquérant.

    Il viendra comme l’aurore
    Et la Bretagne...

  • Épopée, oui, et non point tragédie !

    Noires sont les nouvelles qui arrivent de notre pays,
    Plus noires que la noirceur réunie de toutes les nuits
    Qui depuis la naissance du monde ont masqué le soleil...
    Les fleuves, maintenant, y sont rouges du sang de nos martyrs,
    — On dirait les avenues de la Mort couvertes de roses douloureuses ;
    Les plaines y sont...

  •  
    L’érable si haut dans l’espace
    Dresse son faîte audacieux,
    Que le bouvreuil, même à voix basse,
    Y parle avec l’oiseau des cieux.

    Il est plein de sève et de force.
    L’ouragan ne peut le ployer ;
    Pourtant les fibres de son torse
    Sont aussi souples que l’acier.

    Il est rugueux comme le chêne,
    Et plus droit que le peuplier.
    Une...

  • Sur le sentier du plus âpre des bois,
    Tel qu’un flâneur distrait qui ne me voit,
    Le poil bouffant, vint tranquille vers moi
    Un renard. J’eus comme un léger émoi
    Qui se changea vite en éclat de rire
    Lorsque aussi prompt qu’une brise qui vire
    Il s’en alla si bien que je l’admire
    Dans ma pensée où je vois encor luire
    Sa queue. Et tout autour j’...

  • La fraude — nerf du commerce —
    À notre époque s’exerce
    Sur les escargots itou :
    Ainsi des gens, sans vergogne,
    Vont déclarant de « Bourgogne »
    Ceux qu’ils cueillent n’importe où.
     
    Tel escargotier cupide,
    Dans une coquille vide
    Et Bourguignonne, vous vend
    Un escargot fantaisiste…
    C’est le geai du Fabuliste
    Paré des plumes...

  • L’Escaut

    Et celui-ci puissant, compact, pâle et vermeil,
    Remue, en ses mains d’eau, du gel et du soleil ;
    Et celui-là étale, entre ses rives brunes,
    Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune ;
    Et cet autre se jette...

  • L’ESCAUT

    Et celui-ci, puissant, compact, pâle et vermeil,

    Remue, en ses mains d’eau, du gel et du soleil ;
    Et celui-là étale, entre ses rives brunes,
    Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune...

  • Les nuages à l’horizon se pelotonnent ;

    Le vent bondit au loin, de forêt en forêt ;
    Sous l’averse qui rôde et sabre les guérets,
    Les blancs troupeaux transis quittent les prés d’automne.

    Les étables, au fond des cours,
    Les étables, depuis l’été désertes,
    Les attendent portes ouvertes,
    Et chaque bête au mufle lourd...

  • Non loin du port, la nuit, lorsque l’essor
    Des tours et des palais vertigineux s’affaisse
    Dans l’ombre — et que brûlent des yeux de braise,
    Le quartier fauve et noir allume encor
    Son vieux décor de vice et d’or.

    Des commères, blocs de viande tassée et lasse,
    Interpellent, du seuil de portes basses,
    Les gens qui passent ;
    ...