• Vénus teignit la rose blanche
    De son sang, divine liqueur :
    Du nectar que ta fleur épanche
    Réserve un rubis pour mon cœur ;

    Teins de ta pourpre cette soie,
    Et fais, par un charmant retour,
    Du ruban blanc que je t’envoie
    Le ruban rouge de l’amour.

  •  
    Quand des sommets glacés, où l’Hécla solitaire
    Ouvre en vaste entonnoir son effrayant cratère,
    Soupirail d’un enfer morne et silencieux,
    L’Ouragan, escorté de ses sœurs les Tempêtes,
    Vers l’azur qui s’ébranle aux voix de leurs cent têtes,
    Reprend son vol audacieux ;

    Sous ses ailes vibrant à ses noires épaules,
    De l’aurore au couchant, de l’...

  •  
    O poète, pourquoi punir par ton silence
    Tant de cœurs malheureux à ta voix suspendus !
    D’un pouvoir corrupteur châtiant l’insolence,
    Rends au peuple indigné tes chants qui lui sont dus !
    Parmi ses défenseurs la Liberté te nomme.
    Viens de ses ennemis déjouer les complots.
    Lourde à tous, la tourmente est dans l’air, ô grand homme !
               Que...

  •  
    De mes rêves brillans douce et frêle espérance,
    Ces chants, que produisit un trop rare loisir,
    C’est au poète de la France,
    C’est à toi, Béranger, que j’ose les offrir !
    J’aurais pu, leur donnant un essor moins rapide,
    Les rendre plus dignes de toi ;
    Mais ma Muse a pâli d’effroi
    Devant vin avenir perfide.
    Pourtant, daigne sourire à ses...

  • Yen a qui font la mauvais’ tête
    Au régiment ;
    I’s tir’ au cul, i’s font la bête
    Inutil’ment ;
    Quand i’s veul’nt pus fair’ l’exercice
    ...

  • Dans un bosquet plein de mystère
    La Baigneuse de Bouguereau,
    Posant comme pour un clystère,
    Montre son cul au bord de l’eau.

    L’attitude n'est pas vulgaire ;
    Elle développe un contour
    Commode pour l’apothicaire
    Et plus commode pour l’Amour !

  •  

    POUR chanter la Bretagne et sa belle légende,
    L’écume de la mer et la fleur de la lande,
    Entre tous la Muse t’élut.
    Mais, loin des vieux dolmens, loin des flots pleins d’épaves,
    Nous aussi, nous aimons tes poèmes suaves.
    Brizeux, barde d’Arvor, salut !

    Moi, le Parisien, le troublé, le sceptique,
    Je suis, devant les fleurs de...

  • L’aurore à l’orient brille, adorable et claire ;
    Les cœurs sont frémissants, les fleurs jonchent le sol,
    Et nous venons chanter ton hymne séculaire,
    Ô glorieux enfant du doux ciel espagnol !

    Lorsque tout ici-bas sombre dans la nuit noire,
    Quand tout s’évanouit comme un songe d’été,
    Le poëte divin, endormi dans sa gloire,
    Rajeunit chaque jour pour la...

  • Tout peuple a ses grands jours que burine l’Histoire,
    Soit qu’après la bataille il fête la victoire,
    Soit qu’à ses fils d’élite il dresse un monument
    Ou que, tenant domptés les éléments esclaves,
    D’un travail, dont sa force a vaincu les entraves,
    Il célèbre l’achèvement.

    ...

  •  
    La fleur dans le désert, la fleur dans la prairie,
    Sans que pour la cueillir une main l’ait flétrie,
    Ainsi qu’un encensoir, au rayon matinal,
    Exhale son parfum suave et virginal.
      O Tégahgouïta, douce Fleur Indigène,
    En ta vie et ta mort, austèrement chrétienne ;
    Toi, dont le cœur sans tache, en sa sérénité,
    Fut ébloui du lys de la virginité...