Oh ! lorsque le matin paraît la jeune fille,
A travers les buissons, sous sa rouge mantille,
Quand sa voix retentit au delà du vieux pont,
D’où vient donc qu’en ton cœur un écho lui répond ?
Oh ! d’où vient ? Est-ce amour ou bien amitié sainte ?
Pourquoi toujours tes pas dirigés vers l’enceinte ?
Réponds-moi ! d’où te vient ce besoin de la voir,...
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Ainsi que le glaneur, courbé sur le guéret,
Ramasse le blé d’or égrené dans la plaine,
Vous recueillez, joyeux et tout fier de l’aubaine,
Les épis que souvent l’historien, distrait,
Laisse derrière lui choir de sa gerbe pleine.Vous avez la pitié des choses que l’oubli
Recouvre de son flot ou voile de sa brume ;
Et des faits délaissés qu’anima... -
Ils sont bien loin de nous ces premiers jours du monde
Où, prodiguant ses dons, la nature féconde
Laissait vivre mille ans ses enfants nouveau-nés ;
Où l'univers entier rayonnait de jeunesse,
Où la mort, ne trouvant nulle part la vieillesse,
S'éloignait, en tremblant, de nos frères aines.À vingt ans aujourd'hui, quand l'âme épanouie,
S'... -
Abbé, dont le discours flatteur,
Qu’avec grace ta Muse étale,
Vient par un murmure enchanteur
Tâcher d’endormir ma morale ;
Tu crois qu’avec avidité,
Déjà l’Amour-propre enchanté
Avale la délicatesse
D’un poison si bien apprêté :
Je sens, malgré ma vanité,... -
Amant des grandes eaux, des vastes horizons,
Dans l’âme te sentant la flamme des Jasons,
Tu brûles de voguer vers la zone lointaine
Qui vit sombrer, hélas ! tant de puissants agrès,
Et, pour collaborer à l’œuvre du progrès,
Tu vas risquer tes jours, ô vaillant capitaine !Oui, chez toi c’est le sang des découvreurs qui bat ;
Le danger te... -
Depuis longtemps, épris des choses du passé,
Dans votre noble cœur vous aviez caressé
L’espoir de contempler les forêts et les grèves
Où, poursuivant toujours son rôle glorieux,
Durant un siècle entier, la France des aïeux,
Pour fonder un empire, a combattu sans trêves.Vous rêviez d’aborder aux rivages ombreux
Arrosés tant de fois par le sang... -
Nous aimons exalter, nous exaltons souvent
Les preux qui, tout sanglants, pleins d’ardeur obstinée,
Auprès d’un fier drapeau gonflant ses plis au vent,
Succombent au milieu d’une charge effrénée ;
Mais toujours nous passons indifférents devant
Ceux qui luttent sans bruit contre la destinée.Nous avons des sanglots, nous avons des lauriers
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L’Histoire n’a jamais, les yeux rougis de pleurs,
Narré plus durs revers et plus longues douleurs,
Enfantés par la guerre et par la perfidie,
Que ceux qui tant de fois courbèrent les héros
Dont tu nous as si bien rappelé les sanglots,
Ô noble descendant de la noble Acadie !L’Histoire n’a jamais sur des feuillets d’airain
Gravé de son austère... -
Nymphes de mon pays, déités bocagères,
Donnez un libre essor à vos danses légères,
Et, dédaignant les fleurs du vallon maternel,
Couronnez vos cheveux d’un laurier solennel.
Lebrun vient embellir nos bords par sa présence ;
Dans les foyers témoins des jeux de son enfance,
Dans les bois confidents de ses premiers plaisirs,
Lebrun vient parmi nous... -
Quand les chênes moussus, vieillis dans les bruyères,
Sur un sol clairsemé d’ombres et de lumières,
Se dorent aux rayons du soir...
Lorsqu’aux pentes des monts parfumes et plus sombres
Danse sous les noyers un léger réseau d’ombres,
Souvent j’ai cru vous entrevoir.Je vous vois quand, le soir, le meunier paît sa mule,
Ombre...