Quoi, les Dieux meurent donc ! Et tant de rares choses
N'ont pu sauver Procris de l'effroi du tombeau !
Sa noirceur éteignant ce lumineux flambeau,
Nous en voyons l'effet, sans en savoir les causes.
Lugubres changements, tristes métamorphoses,
Que nous avait prédit un funeste corbeau ;
Tout l'univers en deuil perd ce qu'il a de beau
Et ces divins...
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Vous faites trop de bruit, Zéphire, taisez-vous,
Pour ne pas éveiller la belle qui repose ;
Ruisseau qui murmurez, évitez les cailloux,
Et si le vent se tait, faites la même chose.
Mon coeur sans respirer, regardons à genoux
Sa bouche de corail, qui n'est qu'à demi close,
Dont l'haleine innocente est un parfum plus doux
Que l'esprit de jasmin, de... -
Elle aime, et n'aime plus, et puis elle aime encore,
La volage beauté que je sers constamment :
L'on voit ma fermeté ; l'on voit son changement ;
Et nous aurions besoin, elle et moi, d'ellébore.
Cent fois elle brûla du feu qui me dévore ;
Cent fois elle éteignit ce faible embrasement ;
Et semblable à l'Égypte en mon aveuglement,
C'est un caméléon... -
L'Air paraît tout obscur ; la clarté diminue ;
Les arbres sont tous nus ; les ruisseaux tous glacés ;
Et les rochers affreux, sur leurs fronts hérissés,
Reçoivent cet amas, qui tombe de la Nue.
Tout le Ciel fond en eau ; la grêle continue ;
Des vents impétueux, les toits sont renversés ;
Et Neptune en fureur, aux Vaisseaux dispersés,
Fait sentir... -
Ô prodige étonnant et difficile à croire,
Enfin je vois Philis, sans haine, et sans orgueil ;
Après un long combat, j'emporte la victoire,
Et l'on voit mon triomphe, au bord de mon cercueil.
Ses yeux tout rayonnants de splendeur et de gloire,
Comme un faible nuage ont dissipé mon deuil ;
De l'orage passé, j'ai perdu la mémoire,
Et j'ai trouvé le... -
Sombre divinité, de qui la splendeur noire
Brille de feux obscurs qui peuvent tout brûler :
La neige n'a plus rien qui te puisse égaler,
Et l'ébène aujourd'hui l'emporte sur l'ivoire.
De ton obscurité vient l'éclat de ta gloire,
Et je vois dans tes yeux, dont je n'ose parler,
Un Amour africain, qui s'apprête à voler,
Et qui d'un arc d'ébène aspire... -
Je pensais que mon coeur échappé du naufrage
Dût être maintenant un peu plus avisé,
Mais quoi ! plus on le trompe et moins il est rusé,
Plus il vieillit au monde et moins il devient sage.
Revoyant la mer calme et le ciel sans nuage
Il se remit au vent qui l'avait maitrisé :
Hélas il te faudrait, pauvre coeur abusé,
Avoir de la fortune autant que... -
Sommeil, fils de la Nuit, doux repos de notre âme,
Qui fait ma belle Nymphe en son lit reposer,
Puisque ton charme peut son esprit amuser,
Plonge dans l'eau d'oubli le courroux qui l'enflamme.
Fais-lui voir en dormant le regret qui me ronge,
La portant au réveil de la haine à l'amour,
Si bien qu'en revoyant la lumière du jour,
Elle aille racontant... -
Quand je veux mesurer votre auguste hautesse
A l'état abaissé de mon coeur langoureux,
Je me plains de l'amour, ce tyran rigoureux,
Qui par si haut objet abusa ma jeunesse,
D'autant que le penser qui m'élève sans cesse
Presque ne peut atteindre à cet astre amoureux,
Tant que hors d'espérance, il me faut, malheureux,
Redoutant le destin maudir' la... -
Ô Nuit plaisante et sereine,
Viens découvrir à nos yeux
Ton beau char qui se pourmène
Par les campagnes des cieux.
Sors de ta caverne obscure
Dans le saphir éclatant,
Pendant qu'en cette verdure
Je vais ton los racontant.
Rallume ta clarté sainte,
Que le grand Soleil jaloux
Avait par sa flamme éteinte,
Passant à midi sur nous,...