Sur un songe

Ô prodige étonnant et difficile à croire,
Enfin je vois Philis, sans haine, et sans orgueil ;
Après un long combat, j'emporte la victoire,
Et l'on voit mon triomphe, au bord de mon cercueil.

Ses yeux tout rayonnants de splendeur et de gloire,
Comme un faible nuage ont dissipé mon deuil ;
De l'orage passé, j'ai perdu la mémoire,
Et j'ai trouvé le port, où je crus un écueil.

D'un regard favorable et tout rempli de charmes,
Cet astre de mes jours vient essuyer mes larmes,
Et de cette douceur je suis émerveillé :

Sa froideur se réchauffe à l'ardeur de ma flamme ;
Elle m'offre son coeur, en recevant mon âme ;
Mais hélas c'est un songe, et l'on m'a réveillé.

Collection: 
1634

More from Poet

  • Sombre divinité, de qui la splendeur noire
    Brille de feux obscurs qui peuvent tout brûler :
    La neige n'a plus rien qui te puisse égaler,
    Et l'ébène aujourd'hui l'emporte sur l'ivoire.

    De ton obscurité vient l'éclat de ta gloire,
    Et je vois dans tes yeux, dont je n'...

  • Ô prodige étonnant et difficile à croire,
    Enfin je vois Philis, sans haine, et sans orgueil ;
    Après un long combat, j'emporte la victoire,
    Et l'on voit mon triomphe, au bord de mon cercueil.

    Ses yeux tout rayonnants de splendeur et de gloire,
    Comme un faible nuage...

  • L'Air paraît tout obscur ; la clarté diminue ;
    Les arbres sont tous nus ; les ruisseaux tous glacés ;
    Et les rochers affreux, sur leurs fronts hérissés,
    Reçoivent cet amas, qui tombe de la Nue.

    Tout le Ciel fond en eau ; la grêle continue ;
    Des vents impétueux, les...

  • Elle aime, et n'aime plus, et puis elle aime encore,
    La volage beauté que je sers constamment :
    L'on voit ma fermeté ; l'on voit son changement ;
    Et nous aurions besoin, elle et moi, d'ellébore.

    Cent fois elle brûla du feu qui me dévore ;
    Cent fois elle éteignit ce...

  • Vous faites trop de bruit, Zéphire, taisez-vous,
    Pour ne pas éveiller la belle qui repose ;
    Ruisseau qui murmurez, évitez les cailloux,
    Et si le vent se tait, faites la même chose.

    Mon coeur sans respirer, regardons à genoux
    Sa bouche de corail, qui n'est qu'à demi...