Quelle horreur, quel effroi, quel brouillard, quelle nuit,
S'amasse sur ce lieu privé de la lumière !
L'air s'est noirci partout, ô ma douce guerrière,
Depuis que ton bel oeil ici plus ne reluit.
Le Soleil amoureux de ta beauté te suit,
Les Grâces, les Amours, ne te laissent derrière,
Amour qui tient mon âme en tes yeux prisonnière
Appelle à soi...
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Sur les feux de la Saint-Jean
L'on ne voit rien que feux, l'air est tout enflammé,
Le ciel est tout rougi, à peine la lumière
Des astres apparaît, l'ombre s'enfuit derrière.
Cette nuit-ci ressemble un beau jour allumé !
Mais hélas ! dedans moi Amour trop animé
Fait croître à tous moments une flamme meurtrière,
Et pour l'entretenir mon coeur... -
À sa Dame
Quand le clair Apollon tire son char des eaux,
Bridant ses grands coursiers sur le rivage more,
Le simulacre alors du noir fils de l'Aurore
Dans le temple thébain rend des sons tout nouveaux.
Mais sitôt que la nuit épand ses noirs nuaux*
Par le vague de l'air, Memnon alors déplore
Et se plaint de ne voir le soleil qu'il adore,
... -
A la merci des vents, des flots, et de l'orage,
Je vogue sur la mer de peine et de douleur,
J'ai pour pilote amour, pour fanal le malheur,
Pour compagnon les pleurs, les regrets et la rage.
Les vents des espoirs vains m'éloignent du rivage,
L'Amour me vend aux vents et sous belle couleur
De me prêter son aide, il s'aide de la leur
Pour me rompre... -
Sisyphe malheureux, Ixion et Tantale,
Pour leurs fraudes, larcins, et leurs iniquités,
Par le juste vouloir des saintes déités,
Souffrent mille tourments dans la fosse infernale.
L'un portant un rocher toujours monte et dévale,
L'autre a le chef, les pieds et les bras garrottés
A la roue d'airain tournant de tous côtés,
L'autre brûle de soif dedans... -
J'ai cette nuit goûté les plus douces douceurs
Du breuvage des dieux, de la manne prisée,
Du miel, du sucre doux, de la douce rosée,
Que l'aube en larmoyant répand dessus les fleurs.
Sur le point que la nuit retire ses horreurs
Pour faire plate au jour, j'ai ma lèvre posée
Sur la lèvre vermeille, où mon âme embrasée
Avec Amour humait mille douces... -
Viens, ma belle Florelle, où l'ombre noir tremblote,
Sur les bords mousselus des antres ténébreux.
Il fait trop chaud ici, cherchons les bois ombreux,
Le profond des vallons ou quelque fraîche grotte.
Entrons sous ce rocher, viens tôt que je suçote
Le coral de ta bouche, embrassons-nous tous deux,
Éteignons nos ardeurs, jouissons dans ce creux
De... -
A l'ombre des myrtes verts,
Sur un lit fait de fleurettes,
De roses, de violettes,
Et de cent fleurons divers,
Au doux bruit d'une ondelette,
Qui semblait parler d'amour,
Roulant sur l'herbe mollette,
Je me reposai un jour.
Sur cette couche odorante,
Soudain mon oeil fut sillé,
Et au son de l'eau coulante,
Quelque temps... -
Ah ! ne me baisez plus, ah ! mon coeur, je me meurs,
Doucement je languis, doucement je me pâme,
Dessus ta lèvre molle erre et flotte mon âme
Saoule de la douceur des plus douces humeurs.
Je la vois qui volète entre les vives fleurs
Et ne craint tes beaux yeux clairs et ardents de flamme ;
Sur ton bord soupirant la cannelle et le bame,
Altérée elle... -
J'avais longtemps erré par les sombres déserts,
Triste, morne et pensif, privé de la lumière,
Mon seul séjour était une noire fondrière,
Pleine de songes vains, de fantômes divers.
Mais sitôt que l'Amour, prince de l'Univers,
Eut chassé l'ombre épais de ma tendre paupière,
Et qu'il fit sous les lois mon âme prisonnière,
Soudain j'abandonnai ces...