• I

    J'étais le vieux rôdeur sauvage de la mer,
    Une espèce de spectre au bord du gouffre amer ;
    J'avais dans l'âpre hiver, dans le vent, dans le givre,
    Dans l'orage, l'écume et l'ombre, émit un livre,
    Dont l'ouragan, noir souffle aux ordres du banni,
    Tournait chaque feuillet quand je l'avais fini ;
    Je n'avais rien en moi que l...

  •  
    Un jour, lassé de vivre solitaire,
    J'aventurai mes pas ambitieux
    Sur les chemins qui sillonnent la terre.
    Et dont pas un n'aboutit jusqu'aux cieux ;
    Je visitai ce qu'on nomme une ville,
    Repaire immense où l'homme, mon pareil,
    Vit sans ombrage, à l'égal du reptile,
    En des rochers calcinés au soleil.

    Quand la nature verra-t-elle
    Ses...

  • Le Cerf que le veneur relance au bois sauvage
    Void un fleuve, s'y jette, nage et gaigne le bord.
    Christ poursuivy de Juifs, nage aux eaux de la mort,
    Les passe, et vient surgir à l'immortel rivage.

    Le Cerf hayt le serpent, l'attaque, le ravage,
    Le mord et l'engloutit : Christ mortellement mord
    Le serpent qui fournit à la mort son breuvage
    Cette...

  • C'est un oiseau du bois sauvage
    Qui m'a dit : " Tu l'aimeras toujours. "
    C'est une vague du rivage
    Qui m'a dit : " Renonce à tes amours... "
    Mais cet oiseau du bois sauvage
    M'a bien dit : " Tu l'aimeras toujours ! "

    Pour une fleur de ta ceinture
    J'ai donné ma vie et mon repos.
    Loin de tes yeux le temps me dure !
    Je languis pour tes regards si...

  • Ici seul je me plains, Ô Fresnaie-au-Sauvage,
    A toi de mes ennuis ; et ce bois m'est témoin,
    Ces champs et ces beaux prés, du lamentable soin
    Qui souvent m'accompagne au bord de ce rivage.

    Quand je me vois, Fresnaie, en ton bois, en l'ombrage,
    Racontant ma tristesse en quelque sombre coin,
    Je suis comme un rocher, hors du péril au loin,
    Qui bien aise...

  • Grasinde, vous semblez à la vigne sauvage
    Qui naist pres d'un halier, ou sur un mont desert :
    Là son pampre, et son cep, rien du tout ne luy sert,
    Et si nul Vigneron n'en tire du breuvage.

    Ainsi vostre Beauté qui me tient en servage,
    Sa fleur, son fruit, son tige, et sa racine perd :
    N'employant a propos un manouvrier expert,
    Qui sa racine, tige, et...

  • On trouve encor de grands moines que l'on croirait
    Sortis de la nocturne horreur d'une forêt.

    Ils vivent ignorés en de vieux monastères,
    Au fond du cloître, ainsi que des marbres austères.

    Et l'épouvantement des grands bois résineux
    Roule avec sa tempête et sa terreur en eux.

    Leur barbe flotte au vent comme un taillis de verne,
    Et leur...

  • (extrait)

    ...Lorsque dans le désert la cavale sauvage,
    Après trois jours de marche, attend un jour d'orage
    Pour boire l'eau du ciel sur ses palmiers poudreux,
    Le soleil est de plomb, les palmiers en silence
    Sous leur ciel embrasé penchent leurs longs cheveux ;
    Elle cherche son puits dans le désert immense,
    Le soleil l'a séché ; sur le rocher...