Jean Vauquelin de La Fresnaye

  • Une belle Vestale habite au beau rivage
    D'Orne, où c'est qu'elle vit comme en un hermitage.
    Quelquefois en son parc elle se sied au bois,
    Gaillarde sur les eaux elle sort quelquefois,
    Et quelquefois cueillant des fleurs toute pensive,
    EIle en orne son sein, assise...

  • Déjà, venant hérissonné
    L'hiver, de froid environné,
    S'en va la plaisante verdure
    De l'été, qui si peu nous dure ;
    Déjà les arbres tout honteux
    Il dépouille de leurs cheveux,
    Et dans la forêt effeuillée
    Court mainte feuille éparpillée ;
    Et déjà...

  • Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge,
    D'amasser sur mon chef péchés dessus péchés ;
    Des dons que tu m'avais dedans l'âme cachés,
    Plaisant, je m'en servais à mon désavantage.

    Maintenant que la neige a couvert mon visage,
    Que mes prés les plus beaux...

  • Frêne hautain, forestier et champêtre
    L'arbre premier de tant d'arbres divers,
    L'arbre immortel au renom de mes vers,
    L'arbre aux serpents toujours odieux maître ;

    Le coudre rompt, mais tu te fais connaître
    Propre à la guerre et jamais de travers
    De toi tortu...

  • Mon Du Pont Bellenger, ô que vous fûtes sage
    D'avoir votre pays quitté pour quelque temps !
    Depuis votre départ cent mille mal contents
    Ont la France rempli d'une cruelle rage.

    France, qui devient or' comme un désert sauvage
    Par la barbare main de tant de...

  • Amour, tais-toi, mais prends ton arc ;
    Car ma biche belle et sauvage,
    Soir et matin, sortant du parc,
    Passe toujours par ce passage.

    Voici sa piste, ô la voilà !
    Droit à son coeur dresse ta vire,
    Et ne faux point ce beau coup-là,
    Afin qu'elle n'en puisse...

  • Ici seul je me plains, Ô Fresnaie-au-Sauvage,
    A toi de mes ennuis ; et ce bois m'est témoin,
    Ces champs et ces beaux prés, du lamentable soin
    Qui souvent m'accompagne au bord de ce rivage.

    Quand je me vois, Fresnaie, en ton bois, en l'ombrage,
    Racontant ma...

  • Ô Vent plaisant, qui d'haleine odorante
    Embaumez l'air du baume de ces fleurs !
    Ô Pré joyeux, où versèrent leurs pleurs
    Le bon Damoete et la belle Amaranthe !

    Ô Bois ombreux, ô Rivière courante,
    Qui vis en bien échanger leurs malheurs,
    Qui vis en joie échanger...

  • Philis, quand je regarde au tems promt et leger
    Qui derobe soudain nos coulantes années,
    Je commence à conter les saisons retournées,
    Qui viennent tous les jours nos beaux jours abreger.

    Car ja quarante fois nous avons veu loger
    Le soleil au Lion des plus longues...