• Ah ! que ce fameux personnage
    Qui ne connut de lois que celle du bon sens
    Des Yvetaux en notre temps
    Pensa d'une manière et plus haute et plus sage
    Jusqu'à la fin de ses jours
    Il porta constamment panetière et houlette
    Et dans les bras de ses amours
    Expira mollement au son de la musette.
    C'est lui qui par de doux accords
    Pour mieux descendre...

  • Que l'on m'enterre un matin
    De soleil, pour que nul n'essuie,
    Suivant mon cortège incertain,
    De vent, de bourrasque ou de pluie.
    Car, n'ayant jamais fait de mal
    A quiconque ici, je désire,
    Quand mon cadavre sépulcral
    Aura la pâleur de la cire,
    Ne pas, en m'en allant, occire
    Des suites d'un rhume fâcheux
    Quelque pauvre dévoué sire...

  • Clusine, qui dans tous les temps
    Eut de tous les honnêtes gens
    L'amour ou l'estime en partage ;
    Qui toujours pleine de bon sens,
    Sut de chaque saison de l'âge
    Faire toujours un juste usage,
    Qui dans son entretien dont on fut enchanté
    Faisait un heureux alliage
    D'un agréable badinage
    Avec la politesse et la solidité.
    Et que le ciel doua...

  • On ne sait pourquoi cet homme prit naissance.
    Et pourquoi mourut-il ? On ne l'a pas connu.
    Il vint nu dans ce monde, et, pour comble de chance,
    Partit comme il était venu.

    La gaîté, le chagrin, l'espérance, la crainte,
    Ensemble ou tour à tour ont fait battre son coeur.
    Ses lèvres n'ignoraient le rire ni la plainte.
    Son oeil fut sincère et moqueur....

  • Ne verse point de pleurs sur cette sépulture,
    Passant ; ce lit funèbre est un lit précieux,
    Où gît d'un corps tout pur la cendre toute pure ;
    Mais le zèle du coeur vit encore en ces lieux.

    Avant que de payer le droit de la nature,
    Son âme, s'élevant au-delà de ses yeux,
    Avait au Créateur uni la créature ;
    Et marchant sur la terre elle était dans les...

  • L'heureuse cendre autrefois composée
    En un corps chaste, où vertu reposa,
    Est en ce lieu, par les Grâces posée,
    Parmi ses os, que beauté composa.

    Ô terre indigne ! en toi son repos a
    Le riche étui de cette âme gentille,
    En tout savoir sur toute autre subtile,
    Tant que les cieux, par leur trop grande envie,
    Avant ses jours l'ont d'entre nous...

  • J'ai vécu sans nul pensement,
    Me laissant aller doucement
    A la bonne loi naturelle,
    Et si m'étonne fort pourquoi
    La mort daigna songer à moi,
    Qui n'ai daigné penser à elle.

  • Cy gist le corps de la plus heureuse ame
    Qui oncques fut ou soit pour sa beauté,
    Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté,
    Ou pour avoir esté d'un amy femme.

    Amy qui a or le bruyt et la fame
    D'un vif exemple et seur de fermetté,
    Qui ce corps mort, ce corps tant regretté,
    Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame.

    Pas n'eust voulu seul...

  • Au pied de cet autel de structure grossière
    Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière,
    Le plus savant mortel qui jamais ait écrit ;
    Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ,
    Combattant pour l'Eglise, a, dans l'Eglise même,
    Souffert plus d'un outrage et plus d'un anathème.
    Plein de feu qu'en son coeur souffla l'esprit divin,
    Il terrassa...

  • Dans le faubourg qui monte au cimetière,
    Passant rêveur, j'ai souvent observé
    Les croix de bois et les tombeaux de pierre
    Attendant là qu'un nom y fût gravé.

    Tu m'es ravie, enfant, et la nuit tombe
    Dans ma pauvre âme où l'espoir s'amoindrit ;
    Mais sur mon coeur, comme sur une tombe,
    C'est pour toujours que ton nom est écrit.