•          Les Cieux inexorables
             Me sont si rigoureux,
             Que les plus miserables
    Se comparans à moy se trouueroient heureux.

               Ie ne fais à toute heure
             Que souhaitter la mort,
             Dont la longue demeure
    Prolonge dessus moy l’insolence du Sort.

               Mon lict est de mes larmes
             Trempé...

  • Qui la voudra souhaite que je meure ;
    Puis, s'il connaît son grand deuil apaisé,
    La serve bien ; mais il est mal aisé,
    Mort son ami, qu'elle, vive, demeure.

  • Si l'on me dédaigne, je laisse
    La cruelle avec son dédain,
    Sans que j'attende au lendemain
    De faire nouvelle maîtresse ;
    C'est erreur de se consumer
    À se faire par force aimer.

    Le plus souvent ces tant discrètes
    Qui vont nos amours méprisant
    Ont au coeur un feu plus cuisant ;
    Mais les flammes en sont secrètes,
    Que pour d'autres...

  • Dessus les bords d'une fontaine
    D'humide mousse revêtus,
    Dont l'onde à maints replis tortus
    S'allait égarant dans la plaine,
    Un berger se mirant en l'eau
    Chantait ces vers au chalumeau :
    Cessez un jour, cessez, la belle,
    Avant ma mort d'être cruelle.

    Se peut-il qu'un si grand supplice
    Que pour vous je souffre en aimant,
    Si les...

  • Le printemps n'a point tant de fleurs,
    L'autonne tant de raisins meurs,
    L'esté tant de chaleurs halées,
    L'hyver tant de froides gelées,
    Ny la mer a tant de poissons,
    Ny la Beauce tant de moissons,
    Ny la Bretaigne tant d'arenes,
    Ny l'Auvergne tant de fonteines,
    Ny la nuict tant de clairs flambeaux,
    Ny les forests tant de rameaux,
    Que je porte au...

  • Un doux trait de vos yeux, ô ma fiere deesse !
    Beaux yeux, mon seul confort,
    Peut me remettre en vie et m'oster la tristesse
    Qui me tient à la mort.
    Tournez ces clairs soleils, et par leur vive flame
    Retardez mon trespas :
    Un regard me suffit : le voulez-vous, madame ?
    Non, vous ne voulez pas.
    Un mot de vostre bouche à mon dam trop aimable,
    Mais...

  • C'est trop pleuré, c'est trop suivi tristesse,
    Je veux en joie ébattre ma jeunesse,
    Laquelle encor comme un printemps verdoie :
    Faut-il toujours qu'à l'étude on me voie ?
    C'est trop pleuré.

    Mais que me sert d'entendre par science
    Le cours des cieux, des astres l'influence,
    De mesurer le ciel, la terre et l'onde,
    Et de voir même en un papier le...

  • O combien est heureux
    Celui qui se contente
    Des biens si plantureux
    Que nature présente !
    Autres biens que ceux-ci
    Sont meslés de souci.

    J'ai toute suffisance
    Que la vie requiert:
    Qui abonde en chevance
    Pour autrui en acquiert.
    Trésors En vain sont amassés.

    Qui se fonde en l'honneur,
    A Fortune se joue,
    Qui...

  • La jeune fille est semblable à la rose,
    Au beau jardin, sur l'épine naïve,
    Tandis que sûre et seulette repose,
    Sans que troupeau ni berger y arrive.
    L'air doux l'échauffe et l'aurore l'arrose ;
    La terre, l'eau par sa faveur l'avive.
    Mais jeunes gens et dames amoureuses
    De la cueillir ont les mains envieuses.
    La terre et l'air qui la soulaient...

  • Adieu, ville, vous command ;
    Il n'est plaisir que des champs.
    L'autre hier, trouvai Sylvette,
    Son petit troupeau gardant :
    Quand je la trouvai seulette,
    S'amour allai demandant.
    Adieu, ville, vous command ;
    Il n'est plaisir que des champs.

    "A quoi pensez-vous, bergere
    En cette fleur de quinze ans?
    La beauté passe légere,
    ...