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    À Philippe Burty.

         Le bleu matin
    Fait pâlir les étoiles.
         Dans l’air lointain
    La brume a mis ses voiles.
         C’est l’heure où vont,
    Au bruit clair des cascades,
         Danser en rond,
    Sur le pré, les Dryades.

         

    Matin moqueur,
    Au dehors tout est rose.
         Mais dans mon cœur
    Règne...

  •                        I

    Au pays où se fait la guerre
    Mon bel ami s’en est allé ;
    Il semble à mon cœur désolé
    Qu’il ne reste que moi sur terre !
    En partant, au baiser d’adieu,
    Il m’a pris mon âme à ma bouche.
    Qui le tient si longtemps, mon Dieu ?
    Voilà le soleil qui se couche,
    Et moi, toute seule en ma tour,
    J’attends encore...

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    Ah ! sous une feinte allégresse
    Ne nous cache pas ta douleur !
    Tu plais autant par ta tristesse
    Que par ton sourire enchanteur
    À travers la vapeur légère
    L’Aurore ainsi charme les yeux ;
    Et, belle en sa pâle lumière,
    La nuit, Phœbé charme les cieux.

    Qui te voit, muette et pensive,
    Seule rêver le long du jour,
    Te prend pour...

  • Enchemisé d’acier du col à la cheville,
    Et le long manteau blanc de l’Ordre par-dessus,
    Avec dix chevaliers d’un sang très noble issus,
    Don Fadrique s’en vient de Coïmbre à Séville.

    Le jeune Maître, né de Dona Léonor,
    Sur sa mule à...

  • Or, étant à Burgos, en sa chambre royale,
    Don Pedro fait mander Juan de Hinestrosa :
    — Ami Juan Fernandez, dit le Roi, venez çà.
    J’ai souci d’un cœur ferme et d’une foi loyale.

    Quand mes frères bâtards, m’assaillant à l’envi,
    Saccageaient...

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    Connais-tu la romance
    Qui fait toujours pleurer,
    Que le cœur recommence
    Sans se désespérer ?

    Carl aimait Madeleine :
    Il eût baisé ses pas ;
    Il buvait son haleine :
    — Elle ne l’aimait pas.

    Elle aimait un beau pâtre
    Qui passait sans la voir ;
    Et souvent, près de l’âtre,
    Elle pleurait le soir.

    Le pâtre en la vallée...

  • A Philippe Burty

    Le bleu matin
    Fait pâlir les étoiles.
    Dans l'air lointain
    La brume a mis ses voiles.
    C'est l'heure où vont,
    Au bruit clair des cascades,
    Danser en rond,
    Sur le pré, les Dryades.

    Matin moqueur,
    Au dehors tout est rose.
    Mais dans mon coeur
    Règne l'ennui morose.
    Car j'ai parfois
    A son bras, à cette...

  • Quand vous me montrez une rose
    Qui s'épanouit sous l'azur,
    Pourquoi suis-je alors plus morose ?
    Quand vous me montrez une rose,
    C'est que je pense à son front pur.

    Quand vous me montrez une étoile,
    Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
    Sur mes yeux jettent-ils leur voile ?
    Quand vous me montrez une étoile,
    C'est que je pense à son...

  • J'ai mille oiseaux de mer d'un gris pâle,
    Qui nichent au haut de ma belle âme,
    Ils en emplissent les tristes salles
    De rythmes pris aux plus fines lames....

    Or, ils salissent tout de charognes,
    Et aussi de coraux, de coquilles ;
    Puis volent en tonds fous, et se cognent
    A mes probes lambris de famille .....

    Oiseaux pâles, oiseaux des sillages...

  • Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
    O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,
    Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,
    Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

    O le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
    Un orgue au loin éclate en froides mélopées;
    Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
    Percent le coeur du jour qui se...