… il est, au cœur de la vallée, un étang que
l’on nomme l’Etang mystérieux.

Je connais un étang qui somnole, blêmi
Par l’aube blême et par le clair de lune ami.

Un iris y fleurit, hardi comme une lance,
Et le songe de l’eau s’y marie au silence.

...

 
C’est l’heure où le désir implore et persuade…
Le monde est amoureux comme une sérénade,
Et l’air nocturne a des langueurs de sérénade.

Les ouvriers du soir, tes magiques amis,
Ont tissé d’or léger ta robe de samis
Et semé d’iris bleus la trame du samis....

 
        I. Sur le Mode majeur

    Toi qui m’as oubliée aujourd’hui, qui fus mienne
    Cependant, viens dans la maison aérienne
    Du songe et du passé.

    Il y demeure un soir doux au regard lassé.
    Les chambres aux plafonds creusés comme les...

 
    Fane-toi, beau jardin dont j’aimais les odeurs,
    Où s’attardaient, plaintifs et las, les vents rôdeurs.
    Que périssent demain tes miels et tes odeurs !

    Et que d’infâmes vers rongent le cœur des roses !
    Que penchent les pavots et les pivoines...

 
    Le monde inhospitable est pareil à l’auberge
    Où l’on vit mal, où tout est mal, où l’on dort mal…

    Et, pendant que le cri des femmes se prolonge,
    Je cherche le Palais Impossible du Songe.

    Je fais, dans cette auberge, un modeste repas…...

 
Or, par un soir pareil, je crus être poète…
J’avais rêvé, dans le silence trop exquis,
De soleils possédés et de lauriers conquis…
Et ma vie est semblable aux lendemains de fête.

Tout me fait mal, l’été, le rayon d’un fanal
Rouge sur l’eau nocturne, et le...

 
I

Tel un arc triomphal, plein d’ocres et d’azurs,
Les horizons du soir s’ouvrent larges et purs.

Quand passerai-je, avec mes Victoires dans l’âme,
Sous l’arc édifié pour celui qu’on acclame ?

L’arc mémorable et vaste enferme le couchant
En sa courbe...

 
Je t’aime et te salue, ô mon ami le vent
Qui rôdes à travers les champs gras où l’on sème,
Et qui viens te pencher sur la mer, en buvant
Les flots dont l’âcreté ravive ta soif blême…

Rien ne saurait combler le vide de mes bras,
Et mes jours impuissants ont...

 
    Mon vieil ami le vent, entre dans ma demeure
    Et joins ta voix à ma voix lamentable et pleure…
    Pleurons le jour, pleurons le soir, pleurons la nuit.

    Pleurons avec la voix des femmes malheureuses
    Sur la jeunesse morte et sur l’amour qui fuit...

 
    Mon cœur est lourd, mon cœur est lourd dans ma poitrine.
    Le soir tombe… Que l’on m’enterre avec mon cœur.

    L’amour me fut celui qui dompte et qui domine,
    Il parut dans ma vie en ennemi vainqueur.

    Moi, j’attendais de lui la concorde divine,...