I
Tel un arc triomphal, plein d’ocres et d’azurs,
Les horizons du soir s’ouvrent larges et purs.
Quand passerai-je, avec mes Victoires dans l’âme,
Sous l’arc édifié pour celui qu’on acclame ?
L’arc mémorable et vaste enferme le couchant
En sa courbe pareille au rythme fier d’un chant.
Quand passerai-je, ayant sur moi comme un bruit d’ailes
Que font, dans l’air sacré, mes Victoires fidèles ?
Certes, l’heure n’est point aux poètes, et moi
Je n’ai que ma jeunesse et ma force et ma foi.
L’arc triomphal est là, clair parmi les nuits noires.
Quand passerai-je, sous l’aile de mes Victoires ?
II
Je le sais, ― aujourd’hui cela fait moins de mal,
Je ne passerai point sous un arc triomphal.
Et je n’entendrai point la voix ivre des femmes
Qui sanglotent : « Voici l’offrande de nos âmes… »
Résignée, et songeant aux défaites passées,
J’aurai sur moi le bruit de leurs ailes lassées…
Comme un arc triomphal plein d’ocres et d’azurs,
Les horizons du soir s’ouvrent larges et purs…