Mon vieil ami le vent, entre dans ma demeure
Et joins ta voix à ma voix lamentable et pleure…
Pleurons le jour, pleurons le soir, pleurons la nuit.
Pleurons avec la voix des femmes malheureuses
Sur la jeunesse morte et sur l’amour qui fuit
Malgré les bras tendus des tristes amoureuses.
Pleurons les jougs mauvais qui pèsent sur les fronts
Et sur tous et sur tout, ô mon ami, pleurons !
Pleurons sur le sort mauvais des âtres et des choses.
Plaignons les yeux que nul rayon d’or ne ravit,
Les vieux livres brûlés, la lente mort des roses…
O vent, mon ami cher, plaignons tout ce qui vit !
Qu’on s’éloigne de la grand’salle où l’ombre flotte,
Et que nul ne m’entende, alors que je sanglote
Ainsi que fait le vent, dans les coins endormis.
Et le chêne s’écroule au loin, la vitre tremble…
Nous nous aimons et nous sommes de vieux amis
Car nous pleurons ensemble.