• L’air se durcit, le gel va ressaisir la nuit.
    Les roses du pignon tremblent au vent qui passe,
    Une dernière abeille entre dans les fleurs lasses,
    Et tout à coup s’angoisse et brusquement s’enfuit.

    Les mille bruits du soir montent des vieux villages,
    Plus nets et plus vrillants qu’aux jours secs de l’été ;
    Une tenace, vieille et morne hostilité
    Semble...

  •  
    Allez-vous-en, allez-vous-en,
    L’auberge entière est aux passants.

    — Elle est à nous, elle est à nous,
    Depuis bientôt trois cents années.
    Elle est à nous, elle est à nous,
    Depuis la porte aux longs verrous,
    ...

  •  

    L’azur est scintillant

    De grands nuages blancs
    Qui vont, viennent et passent ;
    Comme des balles dans l’espace
    Le tablier mouvant des blés
    Projette

    Jusques au ciel les alouettes.

    Elles fusent et jaillissent si haut

    Vers la lumière et ses...

  • Les toits semblent perdus
    Et les clochers et les pignons fondus,
    Par ces matins fuligineux et rouges,
    Où, feux à feux, des signaux bougent.

    Une courbe de viaduc énorme
    Longe les quais mornes et uniformes ;
    Un train s’ébranle immense et las.

    Au loin, derrière un mur, là-bas,
    Un steamer rauque avec un bruit de corne.

    ...
  • Les jours de rage militaire,
    Quand vibre et siffle et passe et se répand partout
    L’obus précis, ardent, volant et fou,
    Dites, les gens, les pauvres gens, entendez-vous
    ...

  • L’AMOUR

    Aux fleurs rouges qui pavoisent l’espace
    Et s’exaltent, dans l’or des jours,
    Comme un vent fou le torturant amour
    S’enlace.

    Oh le charme de sa douleur
    Et les lances de sa douleur,
    Violentes, au fond du cœur !

    Oh ! son ardeur, malgré sa vastitude,
    Et son grand don de plénitude...

  •  
    Lété, lorsque les longs dimanches
    Tintaient dans les clochers nombreux,
    Tu écoutais tes amoureux,
    La belle fille aux fortes hanches.

    ...

  • Voici le dernier mois vermeil :

    Lunes rouges, pourpres soleils.

    Et bellement, le long des haies,
    Comme des clous, pointent les baies ;
    Et brusquement c’est le coq clair,
    Qui déchire d’un spasme et d’un éclair
    Et d’un grand cri de violence
    Le mol silence
    Dont les voiles pendent et s’affaissent dans l’air....

  • Mentons carrés et gros, cheveux pesants et roux,
    Ils se dressent, là-bas, à l’horizon des âges,
    Dans un emmêlement de grands gestes sauvages,
    Parmi les îlots gris d’un sol poreux et mou.

    De l’eau au loin, partout. À peine un coin de terre ;
    À peine un buisson mort, sur un tertre fangeux ;
    Et la pluie et le vent et le brouillard rugueux
    Et, vers le...

  • Dans le jardin, où des lions mélancoliques
    Traînent le char du vieil amour,
    Mes yeux ont allumé leurs braises sur la tour
    Et regardent, mélancoliques,
    Traîner le char du vieil amour.

    Des chapelets de seins enguirlandent le bord
    Des seins de reine, où sont plantés des couteaux d’or.

    Le sourire des Omphales, qui plus ne bouge,
    Et les yeux de...