•  
    Un jour, — pardonnez-moi ce crime, ô grands plastiques !
    Un jour, je promenais dans le Louvre, aux Antiques,
    Mes rêves d’art intime et de modernité.
    Le Musée est très frais et très calme, en été.
    Après le Carrousel torride et son asphalte,
    Il est doux, par les jours trop chauds, d’y faire halte ;
    Car la sérénité des vieux marbres d’Hellas
    ...

  •  
    La sainte vérité qui m’échauffe et m’inspire
    Écarte et foule aux pieds les voiles imposteurs :
    Ma muse de nos maux flétrira les auteurs,
    Dussé-je voir briser ma lyre
    Par le glaive insolent de nos libérateurs.

    Où vont ces chars pesans conduits par leurs cohortes ?
    Sous les voûtes du Louvre ils marchent à pas lents :
    Ils s’arrêtent devant ses...

  • Au Louvre, je vais voir ces délicats modèles
    Qui montrent aux oisifs les richesses d’un port,
    Je connais l’armement des vaisseaux de haut-bord
    Et la voilure des avisos-hirondelles.

    J’aime cette flottille avec ses bagatelles,
    Le carré d’Océan qui lui sert de support,
    Ses petits canons noirs se montrant au sabord,
    Et ses mille haubans fins comme des...

  • Des déesses et des mortelles
    Quand ils font voir les charmes nus
    Les sculpteurs grecs plument les ailes
    De la colombe de Vénus.

    Sous leur ciseau s’envole et tombe
    Le doux manteau qui la revêt
    Et sur son nid froid la colombe
    Tremble sans plume et sans duvet.

    Ô grands païens, je vous pardonne !
    Les Grecs enlevant au contour
    Le fin...

  • Hélas ! il est cloué sur les croix du Caucase,
    Le Titan qui, pour nous, dévalisa les cieux !
    Du haut de son calvaire il insulte les dieux,
    Raillant l’Olympien dont la foudre l’écrase.

    Mais du moins, vers le soir, s’accoudant à la base
    Du rocher où se tord le grand audacieux,
    Les nymphes de la mer, des larmes dans les yeux,
    Échangent avec lui quelque...

  • Elle veille en sa chaise étroite ;
    Quelque roi d'Egypte a sculpté
    Dans l'extase et la gravité
    Le corps droit et la tête droite.

    Moitié coiffe et moitié bandeau,
    Fond pur à des lignes vermeilles,
    Un pan tourne autour des oreilles,
    Sa robe est la prison du Beau.

    Ses yeux, de profonds péristyles
    Où ne passe rien de réel,
    De...