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    I

    Dans les plaines où luit, d’un éclat jaune et morne,
    Des sables ondoyants l’aridité sans borne,
    Loin des puits et de l’ombre et plus loin des humains,
    Est accroupi, couvrant sa tête de ses mains,
    Fauve, sombre, immobile et différant à peine
    Des rochers calcinés perçant la molle arène,
    Un homme aux durs contours, aux flancs maigres, nerveux,...

  • J’AI lu, je ne sais où, qu’un Français en Afrique,
    Errant au plus profond d’un pays chimérique
    Qui ne porte aucun nom sur la carte, n’étant
    Qu’une immense fournaise où du sable s’étend,
    Les pieds brûlés à vif, le corps en proie aux fièvres,
    Sans rien à boire avec de la soif plein les lèvres,
    Se traîna sur un peu de gazon roux, et là,
    Des plis de son...


  • ...

  • Quand le Bédouin qui va de l’Horeb en Syrie,
    Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
    Et sous l’ombre poudreuse où sèche le fruit mort,
    Dans son rude manteau s’enveloppe et s’endort ;

    Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,
    La lointaine oasis où rougissent les figues,
    Et rétroite vallée où campe sa tribu,
    Et la source courante où ses lèvres...

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    La lune a transformé trois fois son disque d’or
    Depuis que j’ai dressé mes tentes sur ce sable.
    Ma femme avait un fils qu’elle allaitait encor ;
    Trois filles et trois fils, d’un père misérable
    Famille ensevelie aujourd’hui, — dans ces lieux
    M’accompagnaient aussi. Là-bas sur les collines
    Neuf chameaux chaque jour s’en allaient sous mes yeux
    ...

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    Le désert est muet comme un sépulcre immense ;
    Pas un chant, pas un bruit ne trouble le silence ;
    Seuls quelques grands Chameaux marchent dans le lointain,
    Tandis que le soleil qui s’incline soudain,
    D’une étrange façon dilate leur grande ombre.

    L’air paraît enflammé ; des Nuages d’or sombre,
    Fantômes couronnés, faits de pluie et de feu,
    ...

  • Il est nuit... Qui respire ? ... Ah ! c'est la longue haleine,
    La respiration nocturne de la plaine !
    Elle semble, ô désert ! craindre de t'éveiller.
    Accoudé sur ce sable, immuable oreiller,
    J'écoute, en retenant l'haleine intérieure,
    La brise du dehors, qui passe, chante et pleure ;
    Langue sans mots de l'air, dont seul je sais le sens,
    Dont aucun verbe...

  • Quand le Bédouin qui va de l'Horeb en Syrie
    Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
    Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit mort,
    Dans son rude manteau s'enveloppe et s'endort,
    Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,
    La lointaine oasis où rougissent les figues,
    Et l'étroite vallée où campe sa tribu,
    Et la source courante où ses lèvres ont...

  • Misérable désert en glaces éternelles,
    Figure des enfers et séjour des démons,
    Pourquoi demeurez-vous dans le flanc de ces monts ?
    Recevez Apollon en vos antres mortelles.

    Ô solitaire Dieu, où mes amours nouvelles
    Me guident pour me plaindre au son de mes chansons,
    Retenez de mon luth les plaintes et les sons
    Qui louangent si doux mes peines...