Misérable désert en glaces éternelles,
Figure des enfers et séjour des démons,
Pourquoi demeurez-vous dans le flanc de ces monts ?
Recevez Apollon en vos antres mortelles.
Ô solitaire Dieu, où mes amours nouvelles
Me guident pour me plaindre au son de mes chansons,
Retenez de mon luth les plaintes et les sons
Qui louangent si doux mes peines immortelles.
Vous vous couvrez toujours de ce mont baise-nue,
Toujours l'ombre sur vous demeure continue,
Ne voulant que le ciel vous fasse les yeux doux.
Ô désert trop heureux absent de toute flamme,
Pourquoi mon coeur n'est-il aussi loin de Madame,
Afin de ne sentir ce feu si rigoureux ?