Soir au désert

 
Le désert est muet comme un sépulcre immense ;
Pas un chant, pas un bruit ne trouble le silence ;
Seuls quelques grands Chameaux marchent dans le lointain,
Tandis que le soleil qui s’incline soudain,
D’une étrange façon dilate leur grande ombre.

L’air paraît enflammé ; des Nuages d’or sombre,
Fantômes couronnés, faits de pluie et de feu,
Traversent au galop l’infini pur et bleu,
Répandant sur l’argent des mille grains de sable,
Quelque reflet changeant qui fuit, insaisissable.

À l’horizon, là-bas, dans un miroitement.
Un Lac aux flots profonds repose doucement ;
Quelque rayon doré danse encor sur sa grève,
Puis disparaît d’un bond ; et le lac, comme un rêve,
S’efface lentement dans les brumes du soir.

Puis c’est la nuit, jetant soudain son manteau noir
Sur l’immensité vague ; et la Lune voilée,
Reine que suit de près une cour étoilée,
Qui monte les degrés de son trône mouvant
Et jusque sur le sol laisse languissamment
Traîner les plis soyeux de sa robe d’argent.

Juin 1879

Collection: 
1881

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