• Le soir fraîchissait dans les roses.
    Inquiets de troubler ce charme défaillant,
    Des êtres inconnus, voluptueusement,
    Atténuaient les choses
    De voiles hyacinthes, semblables à des mers.
    Tout s'effaçait en un calme silence,
    Et devenait l'imperceptible hier.
    Des choses qui mouraient paraissaient immortelles,
    D'autres, languissamment, s'exhalaient dans...

  • Oui, j'ai quitté ce port tranquille,
    Ce port si longtemps appelé,
    Où loin des ennuis de la ville,
    Dans un loisir doux et facile,
    Sans bruit mes jours auraient coulé.
    J'ai quitté l'obscure vallée,
    Le toit champêtre d'un ami ;
    Loin des bocages de Bissy,
    Ma muse, à regret exilée,
    S'éloigne triste et désolée
    Du séjour qu'elle avait choisi.
    ...

  • Quand l'être cher vient d'expirer,
    On sent obscurément la perte,
    On ne peut pas encor pleurer :
    La mort présente déconcerte ;

    Et ni le lugubre drap noir,
    Ni le dies irae farouche,
    Ne donnent forme au désespoir :
    La stupeur clôt l'âme et la bouche.

    Incrédule à son propre deuil,
    On regarde au fond de la tombe,
    Sans rien comprendre à...

  • Adieu Paris, adieu pour la derniere fois !
    Je suis las d'encenser l'autel de la fortune
    Et brusle de revoir mes rochers et mes bois
    OÙ tout me satisfait, où rien ne m'importune.

    Je ny suis point touché de l'amour des thresors ;
    Je n'y demande pas d'augmenter mon partage :
    Le bien qui m'est venu des peres dont je sors
    Est petit pour la cour, mais...

  • Jeunesse, adieu ! Car j'ai beau faire,
    J'ai beau t'étreindre et te presser,
    J'ai beau gémir et t'embrasser,
    Nous fuyons en pays contraire.

    Ton souffle tiède est si charmant !
    On est si beau sous ta couronne !
    Tiens ! Ce baiser que je te donne,
    Laisse-le durer un moment.

    Ce long baiser, douce chérie,
    Si c'est notre adieu sans retour,...

  • De postposer ta gloire aux lois de son service,
    De n'avoir dans le coeur rien que son nom escrit,
    Et pour charmer un mal qui tous les jours s'aigrit,
    Luy faire incessamment de mon coeur sacrifice ;

    Seigneur, c'est un peché bien digne du supplice
    Que jamais ny l'espoir ny le temps n'amoindrit ;
    Mais procedant d'un coeur que l'Amour attendrit,
    Ma...

  • Le crépuscule est triste et doux comme un adieu.
    A l'orient déjà, dans le ciel sombre et bleu
    Où lentement la nuit qui monte étend ses voiles,
    De timides clartés, vagues espoirs d'étoiles,
    Contemplent l'occident clair encore, y cherchant
    Le rose souvenir d'un beau soleil couchant.
    Le vent du soir se tait. Nulle feuille ne tremble,
    Même dans le frisson...

  • Hélas ! je n'étais pas fait pour cette haine
    Et pour ce mépris plus forts que moi que j'ai.
    Mais pourquoi m'avoir fait cet agneau sans laine
    Et pourquoi m'avoir fait ce coeur outragé ?

    J'étais né pour plaire à toute âme un peu fière,
    Sorte d'homme en rêve et capable du mieux,
    Parfois tout sourire et parfois tout prière,
    Et toujours des cieux...

  • Adieu la cour, adieu les dames,
    Adieu les filles et les femmes,
    Adieu vous dis pour quelques temps,
    Adieu vos plaisants passetemps ;
    Adieu le bal, adieu la danse,
    Adieu mesure, adieu cadence,
    Tambourin, haubois et violons,
    Puisqu'à la guerre nous allons.
    Adieu les regards gracieux,
    Messagers des coeurs soucieux ;
    Adieu les profondes...

  • Amour, adieu, je prends congé de toi
    Amour, adieu, je m'en vais, je te laisse,
    Je ne veux plus aimer cette maîtresse
    Qui m'a tenu si longtemps en émoi.

    Je ne veux plus la voir rire de moi,
    S'éjouissant de me voir en tristesse.
    Ni son bel oeil, qui m'oeillade sans cesse,
    Ni de sa bouche une parjure foi,

    Ni sa beauté, de moi tant admirée,...