Il est au monde une aveugle déesse
dont la police a brisé les autels ;
c’est du hocca la fille enchanteresse,
qui, sous l’appât d’une feinte caresse,
va séduisant tous les coeurs des mortels.
De cent couleurs bizarrement ornée,
l’argent en main, elle marche la nuit ;
au fond d’un sac elle a la destinée
de ses suivants, que l’intérêt séduit....
-
-
Tu revenais couvert d’une gloire éternelle ;
le Gévaudan surpris t’avait vu triompher
des traits contagieux d’une peste cruelle,
et ta main venait d’étouffer
de cent poisons cachés la semence mortelle.
Dans Maisons cependant je voyais mes beaux jours
vers leurs derniers moments précipiter leur cours.
Déjà près de mon lit la mort inexorable
avait... -
Fille de ce guerrier qu’une sage province
éleva justement au comble des honneurs,
qui sut vivre en héros, en philosophe, en prince,
au-dessus des revers, au-dessus des grandeurs ;
du ciel qui vous chérit la sagesse profonde
vous amène aujourd’hui dans l’empire françois,
pour y servir d’exemple et pour donner des lois.
La fortune souvent fait les... -
Quoi ! Le dieu de la poésie
vous illumine de ses traits !
Malgré la robe, les procès,
et le conseil, et ses arrêts,
vous tâtez de notre ambrosie !
Ah ! Bien fort je vous remercie
de vous livrer à ses attraits,
et d’être de la confrérie.
Dans les beaux jours de votre vie,
adoré de maintes beautés,
vous aimiez Lubert et Sylvie ;
... -
L’heureux talent dont vous charmez la France
avait en vous brillé dès votre enfance ;
il fut dès lors dangereux de vous voir,
et vous plaisiez, même sans le savoir.
Sur le théâtre heureusement conduite
parmi les voeux de cent coeurs empressés,
vous récitiez, par la nature instruite :
c’était beaucoup ; ce n’était point assez ;
il vous fallait... -
du fond de cet antre pierreux,
entre deux montagnes cornues,
sous un ciel noir et pluvieux,
où les tonnerres orageux
sont portés sur d’épaisses nues,
près d’un bain chaud toujours crotté,
plein d’une eau qui fume et bouillonne,
où tout malade empaqueté,
et tout hypocondre entêté,
qui sur son mal toujours raisonne,
se baigne, s’enfume... -
Aimable abbé, dans Paris autrefois
la volupté de toi reçut des lois ;
les ris badins, les grâces enjouées,
à te servir dès longtemps dévouées,
et dès longtemps fuyant les yeux du roi,
marchaient souvent entre Philippe et toi,
te prodiguaient leurs faveurs libérales,
et de leurs mains marquaient dans leurs annales,
en lettres d’or, mots et contes... -
Toi que le ciel jaloux ravit dans son printemps ;
toi de qui je conserve un souvenir fidèle,
vainqueur de la mort et du temps ;
toi dont la perte, après dix ans,
m’est encore affreuse et nouvelle ;
si tout n’est pas détruit ; si, sur les sombres bords,
ce souffle si caché, cette faible étincelle,
cet esprit, le moteur et l’esclave du corps,
ce je... -
Rimeur charmant, plein de raison,
philosophe entouré des grâces,
épicure, avec Apollon,
s’empresse à marcher sur vos traces.
Je renonce au fatras obscur
du grand rêveur de l’oratoire,
qui croit parler de l’esprit pur,
ou qui veut nous le faire accroire,
nous disant qu’on peut, à coup sûr,
entretenir Dieu dans sa gloire.
Ma raison n’a... -
Ceci te doit être remis
par un abbé de mes amis,
homme de bien, quoique d’église.
Plein d’honneur, de foi, de franchise,
en lui les dieux n’ont rien omis
pour en faire un abbé de mise :
même Phébus le favorise.
Mais dans son coeur Vénus a mis
un petit grain de gaillardise.
Or c’est un point qui scandalise
son curé, plus gaillard que...