• Si vous ne voulez plus danser,
    Si vous ne faites que passer
    Sur ce grand théâtre si sombre,
    Ne courez pas après votre ombre,
    Tâchez de nous la laisser.

    1844.

  • IX

    À MADEMOISELLE FANNY DE P.

    Ô vous que votre âge défend,
    Riez ! tout vous caresse encore.
    Jouez ! chantez ! soyez l’enfant !
    Soyez la fleur ; soyez l’aurore !

    Quant au destin,...

  • Ô rêveuse, pour que je plonge
    Au pur délice sans chemin,
    Sache, par un subtil mensonge,
    Garder mon aile dans ta main.

    Une fraîcheur de crépuscule
    Te vient à chaque battement
    Dont le coup prisonnier recule
    L'horizon délicatement.

    Vertige ! voici que frissonne
    L'espace comme un grand baiser
    Qui, fou de naître pour personne,
    Ne...

  • Page blanche, allons, étincelle !
    Car ce rondeau, je le cisèle
    Pour la reine de la chanson,
    Qui rit du céleste Enfançon
    Et doucement vous le musèle.

    Zéphyre l'évente avec zèle,
    Et pour ne pas vivre sans elle,
    Titania donnerait son
    Page.

    Le bataillon de la Moselle
    A sa démarche de gazelle
    Eût tout entier payé rançon...

  • I

    L'année en s'enfuyant par l'année est suivie.
    Encore une qui meurt ! encore un pas du temps ;
    Encore une limite atteinte dans la vie !
    Encore un sombre hiver jeté sur nos printemps !

    Le temps ! les ans ! les jours ! mots que la foule ignore !
    Mots profonds qu'elle croit à d'autres mots pareils !
    Quand l'heure tout à coup lève sa voix sonore...

  • Si ta bouche ne doit rien dire
    De ces vers désormais sans prix ;
    Si je n'ai, pour être compris,
    Ni tes larmes, ni ton sourire ;

    Si dans ta voix, si dans tes traits,
    Ne vit plus le feu qui m'anime ;
    Si le noble coeur de Monime
    Ne doit plus savoir mes secrets ;

    Si ta triste lettre est signée ;
    Si les gardiens d'un vieux tombeau...

  • Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire,
    Vous avez le fatal pouvoir
    De nous jeter par un sourire
    Dans l'ivresse ou le désespoir.

    Oui, deux mots, le silence même,
    Un regard distrait ou moqueur,
    Peuvent donner à qui vous aime
    Un coup de poignard dans le coeur.

    Oui, votre orgueil doit être immense,
    Car, grâce à notre lâcheté,
    Rien n'égale...