A Mademoiselle Rachel

Si ta bouche ne doit rien dire
De ces vers désormais sans prix ;
Si je n'ai, pour être compris,
Ni tes larmes, ni ton sourire ;

Si dans ta voix, si dans tes traits,
Ne vit plus le feu qui m'anime ;
Si le noble coeur de Monime
Ne doit plus savoir mes secrets ;

Si ta triste lettre est signée ;
Si les gardiens d'un vieux tombeau
Laissent leur prêtresse indignée
Sortir, emportant son flambeau ;

Cette langue de ma pensée,
Que tu connais, que tu soutiens,
Ne sera jamais prononcée
Par d'autres accents que les tiens.

Périsse plutôt ma mémoire
Et mon beau rêve ambitieux !
Mon génie était dans ta gloire ;
Mon courage était dans tes yeux.

Collection: 
1834

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Sonnet

Ainsi, quand la fleur printanière
Dans les bois va s'épanouir,
Au premier souffle du zéphyr
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Jusque dans le sein de la terre
Frémit de joie et de désir....

Oui, si j'étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
A toute la terre
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Je voudrais n'avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris,...

Vous m'envoyez, belle Emilie,
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L'a soigneusement cacheté.
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Et malgré sa dextérité,
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Dans ses actes de charité.
C'est regarder à la...

Non, quand bien même une amère souffrance
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Non, quand bien même une fleur d'espérance
Sur mon chemin pourrait encor germer ;

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Non,...

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J'y...