• II

    Et voilà donc les jours tragiques revenus !
    On dirait, à voir tant de signes inconnus,
    Que pour les nations commence une autre hégire.

    Pâle Alighieri, toi, frère de Cynégire,
    O sévères témoins, ô justiciers égaux,
    Penchés, l'un sur Florence et l'autre sur Argos,
    Vous qui fîtes, esprits sur qui l'aigle se pose,
    Ces...

  • Voilà que je me sens plus proche encor des choses.
    Je sais quel long travail tient l'ovaire des roses,
    Comment la sauterelle au creux des rochers bleus
    Appelle le soleil pour caresser ses neufs
    Et pourquoi l'araignée, en exprimant sa moelle,
    Protège ses petits d'un boursicot de toile.
    Je sais quels yeux la biche arrête sur son faon,
    Tellement notre...

  • La voilà, pauvre mère, à Paris arrivée
    Avec ses deux enfants, sa fidèle couvée !
    Veuve, et chaste, et sévère, et toute au deuil pieux,
    Elle les a, seize ans, élevés sous ses yeux
    En province, en sa ville immense et solitaire,
    Déserte à voir, muette autant qu'un monastère,
    Où croît l'herbe au pavé, la triste fleur au mur,
    Au coeur le souvenir long,...

  • Me voilà revenu de ce voyage sombre,
    Où l'on n'a pour flambeaux et pour astre dans l'ombre
    Que les yeux du hibou ;
    Comme, après tout un jour de labourage, un buffle
    S'en retourne à pas lents, morne et baissant le mufle,
    Je vais ployant le cou.

    Me voilà revenu du pays des fantômes,
    Mais je conserve encor, loin des muets royaumes
    Le teint pâle des...

  • Voilà ce que chantait aux Naïades prochaines
    Ma Muse jeune et fraîche, amante des fontaines,
    Assise au fond d'un antre aux nymphes consacré,
    D'acanthe et d'aubépine et de lierre entouré.
    L'Amour, qui l'écoutait caché dans le feuillage,
    Sortit, la salua Sirène du bocage.
    Ses blonds cheveux flottants par lui furent pressés
    D'hyacinthe et de myrte en...