• Voici les mois d'automne et les cailles graisseuses
    s'en vont, et le râle aux prairies pluvieuses
    cherche, comme en coulant, les minces escargots.
    Il y a déjà eu, arrivant des coteaux,
    un vol flexible et mou de petites outardes,
    et des vanneaux, aux longues ailes, dans l’air large,
    ont embrouillé ainsi que des fils de filet
    leur vol qu’ils ont essayé...

  •  
    Parmi mes lys fanés je songe que c’est toi
    Qui me fis le plus grand chagrin d’amour, Venise !
    Tu m’as trahie autant qu’une femme et conquise
    En me prenant ma force, et mon rêve et ma foi.

    … Je ne cherche plus rien dans Venise : l’ivresse
    Des beaux palais n’est plus en moi ; le chant banal
    Des gondoliers me fait haïr le Grand Canal,
    Et je n’...

  • " Nous voici. Dans le ciel naît l'aurore nouvelle,
    La mort s'efface, Enfant, et le malheur n'est plus,
    A travers les airs bleus, de l'éclair de nos ailes,
    En foule auprès de toi nous voici revenus.

    Regardé, Ève divine, écarte tes mains pâles
    De ton visage plus doux que l'aurore, vois,
    Nous nous tenons comme une troupe triomphale,
    Debout dans la...

  • Voici des vers mourants et des plaintes de cygne
    Qui sont de mon trépas et la borne et le signe,
    Un cri de Philomèle, un langoureux ennui
    Qui prend son origine aux cruautés d'autrui,
    Bref un funeste amas de soupirs que je pense
    Par les lois du respect être dus au silence,
    Que ma plume affaiblie envoie à ta rigueur,
    Ma bouche ne pouvant en décharger mon...

  • Voici le jour, voici l'heure venue
    Que tu promis me donner un baiser.
    Çà je le veux, me veux-tu refuser
    Ce qui est mien par raison trop connue ?

    Dea qu'est ceci ? hé quelle épaisse nue
    Sille tes yeux et se vient opposer
    A ta raison, l'empêchant d'aviser
    Que ce qu'on dit doit être de tenue ?

    Me le baillant, tu feras ton devoir,
    Çà...

  • Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
    Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
    Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
    Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

    C'en est fait à présent des funestes pensées,
    C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
    Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
    Et des mots où...

  • Voici le rendez-vous des Enfants sans souci,
    Que pour me divertir quelquefois je fréquente.
    Le maître a bien raison de se nommer La Plante
    Car il gagne son bien par une plante aussi.

    Vous y voyez Bilot, pâle morne et transi,
    Vomir par les naseaux une vapeur errante ;
    Vous y voyez Sallard chatouiller la servante
    Qui rit du bout du nez en portrait...

  • Voici la mort du ciel en l'effort douloureux
    Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux.
    Le ciel gémit d'ahan, tous ses nerfs se retirent,
    Ses poumons près à près sans relâche respirent.
    Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux,
    Le bel oeil de ce monde est privé de ses yeux ;
    L'âme de tant de fleurs n'est plus épanouie,
    Il n'y a plus de vie au...

  • Me voici ! c'est moi ! Rochers, plages,
    Frais ruisseaux sous l'herbe échappés,
    Brises qui tout bas aux feuillages
    Dites des mots entrecoupés ;

    Nids qu'emplit un tendre murmure,
    Branche où l'oiseau vient se poser ;
    Gouttes d'eau de la grotte obscure
    Qui faites le bruit d'un baiser ;

    Champ où l'on entend la romance
    Du rossignol...

  • Voici que la saison décline,
    L'ombre grandit, l'azur décroît,
    Le vent fraîchit sur la colline,
    L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

    Août contre septembre lutte ;
    L'océan n'a plus d'alcyon ;
    Chaque jour perd une minute,
    Chaque aurore pleure un rayon.

    La mouche, comme prise au piège,
    Est immobile à mon plafond ;
    Et comme un blanc...