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    BERGÈRE qui gardiez les moutons à Nanterre
    Et guettiez au printemps la première hirondelle,
    Vous seule vous savez combien elle est fidèle,
    La ville vagabonde et pourtant sédentaire.

    Vous qui la connaissez dans ses embrassements
    Et dans sa turpitude et dans ses pénitences,
    Et dans sa rectitude et dans ses inconstances,
    Et dans le feu sacré de...

  • La sainte, ta patronne, est surtout vénérée
    Dans nos pays du Nord et toute la contrée
    Dont je suis à demi, la Lorraine et l’Ardenne.
    Elle fut courageuse et douce et mourut vierge
    Et martyre. Or il faut lui brûler un beau cierge
    En ce jour de ta fête et de quelque fredaine
    De plus, peut-être, en son honneur, ô ma païenne !
     
    Tu n’es pas vierge,...

  • Thérèse de Jésus, ô ma sainte adorée !
    Amante du Seigneur, colombe consacrée,
    J’ai votre image enfin ! Du jour où je connus
    Votre vie admirable, et du jour où je lus
    Ces ouvrages de vous où votre amour suprême
    A fait naïvement un céleste poëme,
    Je résolus d’avoir en ma possession,
    Vieil ou neuf, un portrait...

  • Sainte Thérèse veut que la Pauvreté soit
    La reine d’ici-bas, et littéralement !
    Elle dit peu de mots de ce gouvernement
    Et ne s’arrête point aux détails de surcroît ;

    Mais le Point, à son sens, celui qu’il faut qu’on voie
    Et croie, est ceci dont elle la complimente :
    Le libre arbitre pèse, arguë et parlemente,
    Puis le pauvre de cœur décide et suit sa...

  • Primo Religion : la vieille grimacière
    Qui vous la fait, jobards, au dogme, au sacrement,
    Qui tient l’homme à genoux en l’appelant : Poussière
    Et vous vend du miracle en sachant qu’elle ment.
     
    Propriété : ― Mais moi, mobilière ou foncière
    Je proviens du travail ! ― Oui, c’est ton boniment ;
    Mais le travail s’en plaint, honnête financière,...

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    Au milieu de la mer qui sépare deux mondes,
    Un rocher presque nu s’élève sur les ondes,
    Et son sinistre aspect remplit l’âme de deuil :
    C’est là que tant de gloire est par la mort frappée ;
    Et l’on y voit un nom, une croix, une épée,…
    Tous trois jetés sur un cercueil !

    Ce nom pourra long-temps résonner dans l’histoire
    Car naguère, semblable au...

  •         Ce qui m’excite à t’aimer, ô mon Dieu,
    Ce n’est pas l’heureux ciel que mon espoir devance,
            Ce qui m’excite à t’épargner l’offense,
    Ce n’est pas l’enfer sombre et l’horreur de son feu !

            C’est toi, mon Dieu, toi par ton libre vœu
    Cloué sur cette croix où t’atteint l’insolence ;
            C’est ton saint corps sous l’épine et la lance,...

  • C’est toi, dénaturée ! Oui, te voilà, c’est toi
    Qui fis taire ton cœur pour écouter ta foi,
    Qui, pour gagner ton ciel de larve et de chouette,
    Foulas ton âme aux pieds, mère sourde-muette,
    Et qui, lorsque ton fils se couchait en travers
    De ta porte, pleurant et les deux bras ouverts,
    Marchas sur ton enfant pour entrer dans le cloître.

    Quand l’amour...

  • L’art, aussi bien que la nature,
    Eût fait plaindre cette peinture :
    Mais il a voulu figurer
    Qu’aux tourments dont la cause est belle
    La gloire d’une âme fidèle
    Est de souffrir sans murmurer.

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    Lorsque tu reviendras, mon petit, de là-haut,
    ― Et je crois, malgré tout, que ton retour est proche, ―
    Si tu n'es cul-de-jatte, aveugle ni manchot,
    Et si tu comprends bien que tu dois au plus tôt
    Raccrocher ton fusil et reprendre ta pioche,

    Rapporte dans ton sac ou ta musette, au lieu
    De quelques vains éclats de ferraille rouillée,
    Un peu de...