•  
    Quand tu dormais sous la ramée,
    Frêle oiseau, sans ailes encor,
    Invisible et de ruse armée,
    Une main sur toi s’est fermée
    Et du ciel priva ton essor.

    Et tu grandis dans l’esclavage,
    Exilé de l’air et des bois,
    Rêvant peut-être un lieu sauvage
    Plein de silence et de feuillage,
    Où libre pût monter ta voix.

    Quand tu parus dans...

  • Un jeune prince, avec son gouverneur,
    Se promenait dans un bocage,
    Et s'ennuyait suivant l'usage ;
    C'est le profit de la grandeur.
    Un rossignol chantait sous le feuillage :
    Le prince l'apperçoit, et le trouve charmant ;
    Et, comme il était prince, il veut dans le moment
    L'attraper et le mettre en cage.
    Mais pour le prendre il fait du bruit,
    Et l'...

  • L'aimable et tendre Philomèle,
    Voyant commencer les beaux jours,
    Racontait à l'écho fidèle
    Et ses malheurs et ses amours.
    Le plus beau paon du voisinage,
    Maître et sultan de ce canton,
    Elevant la tête et le ton,
    Vint interrompre son ramage :
    C'est bien à toi, chantre ennuyeux,
    Avec un si triste plumage,
    Et ce long bec, et ces gros yeux,
    De...

  • Pauvre exilé de l'air ! Sans ailes, sans lumière,
    Oh ! Comme on t'a fait malheureux !
    Quelle ombre impénétrable inonde ta paupière !
    Quel deuil est étendu sur tes chants douloureux !
    Innocent Bélisaire ! Une empreinte brûlante
    Du jour sur ta prunelle a séché les couleurs,
    Et ta mémoire y roule incessamment des pleurs,
    Et tu ne sais pourquoi Dieu fit la nuit...

  • C'était un soir du mois où les grappes sont mûres,
    Et celle que je pleure était encore là.
    Muette, elle écoutait ton chant sous les ramures,
    Élégiaque oiseau des nuits, Philoméla !

    Attentive, les yeux ravis, la bouche ouverte,
    Comme sont les enfants au théâtre Guignol,
    Elle écoutait le chant sous la frondaison verte,
    Et moi je me sentis jaloux du...